Yom - New King of Klezmer Clarinet (2008 / Buda Musique)
décembre 18, 2008 · Print This Article
Voici un CD ovniesque. Il risque de passer inaperçu car il n’entre dans aucune catégorie. Petit retour en arrière d’abord : Naftule Brandwein fut un des maîtres de la musique Klezmer. Il n’hésitait pas à faire des concerts face aux tueurs de la mafia américaine dans les années 20 du siècle dernier. Alcoolique, il leur rendit d’une certaine façon hommage avec un de ses titres fétiches : “Prohibition”… C’est à lui que Yom rend hommage ici. Celui qu’on a déjà entendu avec Orient Express Moving Shnorers et Klezmer Nova ainsi que derrière Angélique Ionatos et David Liebman offre pour ce “Tribute to” un C.D. étrange et déconstruit (le disque s’achève par un morceau intitulé “Introduction”…). Le musicien en profite pour illustrer autant que de se moquer de la tradition Klezmer. Il y introduit des instruments hétéroclites (le piano de Denis Cuniot ou le tapan du percussionniste Alexandre Giffard) dans un lyrisme dégingandé aussi mystique que “trans”.
Le quatuor réuni par Yom permet de faire glisser cette tradition vers l’électronique mais restitue une forme d’exubérance qui pour certains frisera le mauvais goût (dans le style des ensembles traditionnels d’Europe centrale) s’ils ne comprennent pas l’humour dont procède cette approche aussi respectueuse qu’iconoclaste. Un tel CD ne laisse pas indifférent. C’est une sorte de monstre qui donne un parfum sonore particulier au leurre. Le créateur interprète le ponctue de tumultes et de rêves maîtrisés et exécutés en virtuosité. Yom force à reconsidérer une tradition ashkénaze qu’il submerge en la rendant perméable à d’autres tendances plus contemporaines et en particulier aux musiques électroniques. Il crée en conséquence sa propre irrégularité du langage musical. Le “son” insiste contre la “figure” en une résistance à la seule consistance d’une forme instituée. Nous sortons de la rhétorique codée afin de pénétrer dans divers types d’associations qui ne peuvent laisser indifférents. Yom devient soudain un “ôteur” plus qu’un auteur. Il sait que c’est non seulement d’une tradition mais d’un vide qu’il vient et que toute force transsubstantielle, toute inspiration de la musique sortent de ces deux “racines”.
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