The Cure - 4:13 Dream (2008 - Suretone)
novembre 10, 2008 · Print This Article
De retour sur ce treizième album, du haut de trois décennies d’existence, la bande à Bobby nous gratifie d’une nouvelle séquelle à sa discographie. Cette séquelle qui s’appelle 4:13 Dream, au final plutôt bien représentative de la manière dont The Cure a su se maintenir en vie pendant tout ce temps…
Car dans la panoplie des groupes issus de la mouvance new-wave, certains, comme ce fut le cas pour Siouxsie & the Banshees ou Cocteau Twins, n’ont pas su survivre au tournant de l’arrivée des années 90, d’autres au contraire, comme Depeche Mode, ont su s’adapter aux tendances et les tourner à leur avantage plutôt que de les subir. The Cure a choisi une option alternative, conserver le style, le son, la ligne de conduite, en autarcie du paysage musical qui les entoure, devenant ainsi avec le temps davantage une sorte de marque déposée musicale qu’un terrain d’aventure sonore.
Bien sûr, difficile d’égaler la qualité de leurs opus cold-wave ou l’énergie inventive des premiers albums plus pop, mais ce serait ridicule aujourd’hui, et à cet âge, de refaire du Faith ou du Pornography, et Robert Smith en est conscient depuis longtemps. Le cap du virage pop passé, ayant démontré ce Cure à plusieurs facettes, aux divers masques et visages, que restait-il ? The Cure n’était plus un groupe, c’était devenu un univers, un personnage incarné par Robert Smith… A partir de là, deux choix étaient possibles, abandonner ce personnage et son monde, et renoncer à l’existence de Cure, ou continuer à raconter cette histoire, parce qu’on s’y est attaché et qu’on ne veut pas qu’elle prenne fin trop vite. C’est donc ce deuxième choix qui a été fait, avec certes parfois plus ou moins de bon goût, mais qui a quelque part permis à Cure de rester fidèle à Cure malgré tout.
Et c’est cela qui fait que l’on continue à poser une oreille, mi-émue, mi-désabusée, sur chaque nouvelle production de la bande à Bobby, parce qu’on les aime bien quand même, qu’on sait en gros à quoi s’attendre et que ce ne sera pas grand-chose de nouveau. Et ce même lorsque quatre singles plus ou moins convaincants annoncent un nouvel album… “The Only One”, c’est joli, mignon, et on se surprend parfois à la fredonner inconsciemment sans même se rappeler si c’est un morceau de 1985 ou de 2008… “Freakshow”, c’est déjà plus amusant, “Sleep When I’m Dead” rappelle que Cure, c’est censé - ah oui quand même ! - avoir un côté parfois un peu plus angoissant et drôlatique en même temps, et “The Perfect Boy”, c’est assez insipide au tout premier abord si on ne fait pas preuve d’un minimum d’indulgence.
Le tout rassemblé au milieu d’un album, ça passe plutôt bien et au final, chacun trouve sa place. Et dans l’ensemble, 4:13 Dream semble retrouver une touche de spontanéité, une jouvence consciente d’une certaine maturité (et vice-versa). 4:13 Dream n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est un bon disque, cohérent en ceci qu’il arrive à faire preuve de simplicité, sans excès de vanité déplacée…
Oh, certes on pourra reprocher une certaine vacuité à quelques titres car le contenu n’est pas toujours égal. On pourra aussi apprécier les quelques idées qui se baladent dans les compos, l’esprit un tantinet ‘rock & roll’ des guitares, parfois au second plan comme sur “Freakshow”, parfois plus directes comme sur le très bon “The Hungry Ghost” qui parvient à allier un peu les ombres d’autrefois avec une énergie assez nouvelle.
On s’ennuie parfois aussi un peu sur des “This, Here and Now, With You” ou “Sirensong” tandis que “The Scream” ou “It’s Over” ravivent, non sans quelque distance, une typique froideur obscure.
Non, 4:13 Dream n’est pas un album indispensable, et il ne remportera probablement de grand succès commercial en-dehors des amateurs (et ce n’est d’ailleurs pas le but…), et bien entendu, malgré une touche de modernité et cette jeunesse partiellement retrouvée, il ne rencontre aucune légitimité au vu du paysage musical actuel. The Cure semble pourtant conscient de ce qu’il est, “Underneath the Stars” sans s’attarder sur le sujet, semble une ode nostalgique crépusculaire à la propre musique du groupe, tandis que “It’s Over” conclut l’album en laissant un questionnement amer : serait-ce l’annonce implicite de la fin prochaine de l’histoire Cure ?
Et pourtant, on ne peut s’empêcher de souhaiter tout de même voir se conclure cette longue fresque musicale sur une apothéose qui renouerait une dernière fois, une seule, avec le génie d’autrefois car on est trop souvent déçu de la fin des grandes histoires…
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