The Breeders - Mountain Battles

juillet 9, 2008 · Print This Article

La chronique tardive a le mérite d’avoir le recul nécessaire pour calmer des ardeurs injustifiées ou, à l’inverse, réveiller des charmes un peu trop discrets. Las, le dernier Breeders était bien le dernier album à mériter tel traitement ; car si l’enthousiasme est bien présent, c’est pour habiter l’auditeur plusieurs semaines après la découverte de cet album singulier et franchement réussi.
Le rock version Breeders, en 2008, c’est un gigantesque pied-de-nez. Une farce improbable pour qui se souvient du tubesque “Cannonball”, ou de la récente et lucrative reformation des Pixies. Mais cette collection de morceaux écrits au fil des ans est le témoignage d’au moins trois faits essentiels.

Petit un, la voix de Kim Deal nous avait beaucoup manqué, et les lignes de chant qui parcourent “Night of Joy” et “We’re Gonna Rise” sont l’objet de frissons qui ne tiennent pas que de la nostalgie, d’autant que la petite soeur n’est pas en reste.

Petit deux, les Pixies n’auraient jamais été les Pixies sans la même étincelle qui fait décoller des morceaux barrés comme Istanbul, la preuve si besoin en était que Franck Black n’avait pas le monopole de l’identité des farfadets.

Petit trois, peut-être le plus étonnant, en tout cas la meilleure surprise de Mountain Battles : les Breeders n’ont jamais sonné aussi proche de Belly, le groupe de Tanya Donnelly, que depuis son départ. La délicatesse des choeurs (”Night Of Joy”), la retenue des guitares certes un poil plus lo-fi (”Bang On” et “Spark” le sont même franchement), l’audace des refrains toujours catchy (l’imparable “OverGlazed), presque radio-friendly sans jamais s’y résigner, tout est là. Et comme le tout est injecté de l’énergie dont la groupe a toujours porté l’étendard (les titres directs comme “Overglazed”, “German Studies” ou “Walk it Off” les arborent avec une fierté non dissimulée) et d’une impressionnante section rythmique, comment ne pas ressentir pour la galette en question une irrésistible tendresse ?

Certes, de l’énergie il en manquera tout de même un peu pour ceux que POD et Last Splash avait séduits, et les premières écoutes pourront dérouter, tant les explosions popisantes et les gentils brûlots rock se font attendre en vain. Mais ce qui est perdu en puissance l’est récupéré au centuple en intensité. Parce que franchement, se fendre d’un album expérimental comme ce Mountain Battles, avec tant d’humilité et de simplicité, en se foutant si ouvertement des mélodies pourtant diablement efficaces, c’est peut-être ça, le rock en 2008.

Comments

3 Responses to “The Breeders - Mountain Battles”

  1. Zartampion on juillet 9th, 2008 15:41

    Alors moi je dis, avant même de lire l’article, que votre fil rss il marche pas !

  2. Daphne on juillet 10th, 2008 9:43

    Alors, normalement, si…

    @ Toto : excellente chronique !

  3. Toto Duchnok on juillet 10th, 2008 15:40

    Merci ! Un mois plus tôt, elle aurait sûrement attiré plus de monde…

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