Sophie Hunger – Monday’s Ghost (2008 – Two Gentlemen/Universal Music )
février 25, 2009 · Print This Article
Il faut savoir avouer ses faiblesses. Comme celle de reconnaître que l’on est bien plus familier de The Hunger, Les Prédateurs en version française, que de l’univers musical de Sophie Hunger. Certains pourront jouer sur les mots et opérer un délicat rapprochement entre les soupirs susurrés des vampires et l’évanescence du fantôme du lundi, Monday’s Ghost, racontés par l’album de la demoiselle.
Ainsi décrite, la relation semble cousue de fil blanc, artificielle au possible. Mais pas tant que ça, en fait. Pourtant, que pourrait-il y avoir de commun entre les créations de Whitley Strieber et de miss Hunger ?
A l’instar du livre, le film de Tony Scott se démarque son aspect éthéré, lisse, au sein duquel certains éléments bouillonnent. Ces éléments trouvent un écho dans les sons tissés par l’artiste : en apparence froides et désincarnées, les notes font bien vite montre de leur vitalité et se heurtent au cadre trop étriqué qui avait mentalement été dessiné autour des compositions. L’écrin feutré qui devait servir d’espace à l’album vole alors en éclats, pour libérer une belle énergie. Nul besoin ici de bruit ou de fureur pour transmettre des émotions. La mélancolie, la nostalgie, la tristesse peuvent être évoqués par touches plus ou moins appuyées sans verser de sang.
La voix de Sophie Hunger et son timbre particulier en sont les principaux vecteurs, l’orchestration revêtant le plus souvent le simple rôle d’adjuvant. Mais cette position centrale ne se révèle pas trop pesante, un certain équilibre restant maintenu. Et même lors des digressions et dissonances mises en œuvre, comme dans “The Tourist” où la voix se déroule et s’éraille tel chant d’une banshee , l’interprète ne se départit pas de sa précision. Les influences jazz se font sans doute ici sentir : même mêlée à un chaos apparent, cette impression de maîtrise ne disparaît à aucun instant. Ainsi, si les phrases musicales peuvent illustrer la détresse du personnage de John, incarné à l’écran par David Bowie, face à sa fin imminente, elles ne versent en revanche pas dans la fuite en avant, désordonnée et dérisoire.
En somme, la Suissesse offre avec Monday’s Ghost un bel album, riche en nuances esquissées, qui permet la divagation de toute âme en quête d’éternité. Il constitue, à n’en point douter, un joli interlude pour accompagner le voyage de Miriam Blaylock. Celle-ci ne voyagera toutefois pas en solitaire. Elle sera accompagnée par Jeff Buckley, dont la présence s’étoffe peu à peu au fil des titres. Ainsi, le morceau final, “Drainpipes” constitue un écho au meilleur de ce qui avait été entendu sur Grace.
01 - Shape
02 - Round and round
03 - The Tourist
04 - Birth-day
05 - Monday’s ghost
06 - House of gods
07 - Teenage spirit
08 - The Boat is full
09 - Rise and fall
10 - Walzer für Niemand
11 - Beauty above all
12 - A Protest song
13 - Drainpipes
Site officiel : http://www.citylightsforever.ch/
Myspace officiel : http://www.myspace.com/sophiehunger
Concerts : du 23 au 28 mars à la Boule Noire (Paris), le 23 avril au Printemps de Bourges, le 24 avril sur le plateau de Taratata, le 6 mai à la Luciole (Alençon), le 7 mai à l’EMB (Sannois), et plein d’autres dates en Europe
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