Coconut Records - Davy (2009 - Young Baby)
février 26, 2009 · Print This Article
CALIFOURCHON CALIFORNIEN
Jason Schwartzman est un des acteurs à la mode pour ses diverses prestations en particulier dans le film de sa cousine Sofia Coppola Marie Antoinette, ou plus récemment dans A bord de Darjeeling Limited. Par ailleurs le clan des Coppola n’est pas pour rien dans la nouvelle musique West Coast, et il y a quelques années Tonton Francis avait lancé un groupe dont le premier disque fut une révelation : Eels. Certes le reste de la production du groupe n’a jamais été à la hauteur de ce premier chef d’œuvre et sauf erreur, depuis 2005 il a disparu. Quant à Schwartzman, il était impliqué dans la musique et le songwriting bien avant sa carrière d’acteur. Il fut dabord le batteur et le fondateur de Phantom Planet. Mais il dut abandonner à regret le groupe pour cause de carrière et de succès cinématographiques. Toutefois il a continué à faire des arrangements pour des bandes sons de films et contribua à plusieurs albums dont celui de Ben Lee, Awake Is The New Sleep.
C’est après avoir joué Louis XVI dans le film de sa cousine qu’il commença à travailler sur son premier album personnel. Collaborant d’abord avec Mike Einziger, le guitariste de Incubus, il enregistre un peu plus tard Nighttiming, son premier album sous le nom de code de Coconut Record. Jason Schwartzman c’est donc le groupe Coconut Records à lui tout seul puisqu’il s’y fait thaumaturge et en mars 2007, à sa sortie, ce premier album surprend et est plébiscité avec raison par la critique. Mêlant électro-pop à un son acoustique étrangement mélancolique, l’opus était saisissant et n’était pas sans rappeler le premier album des Eels cité plus haut. Mais il était loin de la qualité du nouveau Coconut Records Davy qui sort sur le label créé par Jason Schwartzman, Young Baby Records.
Solitude, tristesse, détresse alimentent cet album très atmosphérique et autobiographique. Il reprend une veine bluesy alimentée d’une sorte de jus d’âme judéo-slave comme en témoigne par exemple “Fourteen, I Lost my Dad it’s True”. La veine existentielle innerve l’album très « West Coast » malgré tout (un des titres phares et excellents de Nighttiming porte d’ailleurs ce nom). Mais au soleil des plages de Malibu répond la phrase de l’artiste : “If it’s a summer day with not a cloud in sight then tell me why it feels like it might rain on me?”. Le plus souvent, seule une guitare acoustique ponctue une plainte qui sait cependant quitter une nuance trop purement délétère afin de donner à Davy sinon une joie de vivre, du moins une sorte de charme presque ironique. Schwartzman crée des atmosphères rares qui ne doivent pas tout aux simples trucs de la folk post-Dylan. Bref, on sort de la complainte là où l’introspection n’est pas simplement spéculative, mais se veut un témoignage généralisable et non misérabiliste et par trop humaniste (danger qui guette sans doute le Rock et la Pop dans la période Obamisante pleine de bons sentiments…). Et si Davy s’habille d’une lumière, elle est un peu grise certes, mais c’est une lumière tout de même.
A tous ceux qui aiment ce qui est délicieusement mélancolique mais à tous ceux aussi qui apprécient les ballades délicieusement sophistiquées, on ne peut que recommander cet album. Il prouve que la côte californienne n’est pas que la patrie du bling-bling, des corps musclés ou bricolés, des non-fumeurs et des avaleurs de vitamines et d’aliments aussi protéïnés que bio-éthiques. Bref la Californie de Schwartzman n’est pas que dorures. « L’homme noir », ce nègre blanc d’Amérique le rappelle à sa manière dans ce qui tient d’un folk progressif autant que d’une indie-pop minimaliste. Tout cela reste très « catchy » et il ne faut pas hésiter à se laisser glisser dans cette vision plutôt décalée du rêve customisé à la Californienne.
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