Anthropia – The Chain Reaction (2009 / Adarca Records)

Anthropia. Un nom de groupe qui évoque à la fois ‘anthropos’, l’homme, et ‘entropie’, le chaos. D’après les lois de la thermodynamique, tout système tend vers son état d’entropie maximum. Pour donner dans l’euphémisme, il semblerait que les évènements dont il va être question vont s’avérer un tant soit peu désorganisés.

Et effectivement, l’histoire ici narrée ne va pas se dérouler sans heurt. Ce concept album, selon la locution éprouvée, s’articule autour du thème de la transmigration des âmes, de la métempsycose, de la réincarnation en somme. Les protagonistes ne vont pas pour autant se voir revêtir des avatars minéraux, végétaux ou animaux. Le thème ici privilégié est celui du cycle des morts et des naissances.

Il serait bien facile de considérer que l’idée de départ est éculée, et de faire le lien avec le retentissant film de l’humoriste exquis Jean-Marie Bigard, L’Âme-sœur. Justement, dans The Chain Reaction, les deux protagonistes, #COTDM-52899 et #NλX-7237 sont liés, mais séparés de fait au gré de leurs incarnations successives. Malgré l’adversité, ils aspirent à se retrouver et à sortir enfin de cette succession d’existence. Un peu à l’image de ce que l’on subit dans la réalisation de l’illustre humoriste.

Mais vraiment en peu. En l’espèce, l’œuvre d’Anthropia est portée par une esthétique aux accents cyberpunk, le fil narratif et musical est matérialisé par les chants, féminin et masculin, qui se relaient pour faire avancer l’histoire. Ils sont en cela appuyés en cela par les instruments, qui s’illustrent à certains moments par des soli. L’évolution de #COTDM-52899 dans sa dernière vie en date, de petit garçon à l’âge adulte, est ainsi relaté, le point de vue féminin de #NλX-7237 étant à intervalle régulier délivré. L’ensemble offre ainsi une progression vers le dénouement.

L’idée à la source de l’album et la construction de l’intrigue se révèlent intéressants. Cependant, sans trop de raison apparente, la ‘magie’ n’opère pas. Il n’y a pas de véritable déclic particulier, sans que cela ne paraisse explicable. L’écoute du disque dans son intégralité dégage par moments des impressions de longueur, alors qu’une lecture aléatoire de quelques morceaux est loin de se révéler des plus désagréables. Il est alors possible de se perdre en conjectures à ce sujet. Le chant féminin peut sembler par instants en deçà de ce qui aurait pu être attendu au détour de telle ou telle phrase musicale. La production peut également, à certains moments paraître excessive. L’imagerie déployée peut aussi créer des comparaisons inconsciente avec d’autres univers musicaux, tels celui désincarné et électronique de Fear Factory ou celui beaucoup plus métallique de Arch Enemy avec Anthems of Rebellion. Mais aucun des défauts que l’on pourrait trouver ne peut expliquer à lui seul l’impression quelque peu mitigée qui clôt l’écoute de The Chain Reaction.

Car c’est bien une sensation duelle qui persiste après la dernière note. Un peu à l’image de la dualité âme/corps. Il semblerait difficile de nier toute qualité à la démarche artistique entreprise. Si certains pourront trouver que celle-ci manque d’originalité, il serait excessif de la critiquer de manière monolithique. En revanche, il est possible de rester dubitatif après écoute du résultat. Et ce n’est qu’avec difficulté qu’il serait envisageable de s’inscrire dans une conception cathare de la musique et de donner tout crédit à l’âme du projet, au détriment de son corps harmonique. Certains trouveront néanmoins leur compte dans The Chain Reaction. Et iront sans doute vérifier en concert si l’énergie de la scène transcende cette histoire.

01 - Incarnation (Prologue)
02 - A New self
03 - Whipping soul
04 - The Torn off wing of the butterfly
05 - Take me home
06 - The Night at the Opera
07 - The Altar of trust
08 - Those days are always rainy
09 - Trinity (the new consensus)
10 - The Tree of life
11 - Breeze in the leaves (Epilogue)

Site officiel : http://www.anthropia.org
Myspace officiel : http://www.myspace.com/anthropia