Le dessin naïf permet également de se plonger dans un univers urbain, adulte mais pas trop, désenchanté mais réceptif à la magie du quotidien. En somme ce qui vient à l’esprit lorsque l’âme fantasmée de la cité française est convoquée. Et la pop un brin traînante qui est proposée correspond bien à ce mélange d’asphalte sale et de trépidation, d’impatience et de contemplation.
Il conviendra ici de grouper les tentacules par deux pour parcourir les quatre titres, peuplés de deux voix. Et il faut s’y reprendre à deux fois pour reconnaître le titre « Pretty fly (for a white guy) » des Offspring sous la nonchalance de dandy dont il est ici recouvert.
Et c’est cette élégance un tantinet affectée qui séduit chez Oli & Sam, cet accord implicite quant aux personnages musicaux proposés un brin archétypaux mais terriblement en phase avec leur musique.
Bandcamp : https://oliandsam.bandcamp.com/album/dear-mr-octopus
Les notes déboulent, lancées telles le Pony Express dans sa folle chevauchée, se savourant comme de l’eau de feu roulant au fond d’une gorge assoiffée. Les compositions sont directes, exécutées avec précision et suffisamment de sourire pour que celui-ci soit communicatif à l’écoute.
Les trois titres ont été conçues comme des plages musicales à vocation cinématographique, à même de faire surgir des images de l’imagination après avoir fait leur chemin depuis le pavillon auditif. Le pari est réussi : on chevauche bel et bien le long de routes mythiques, de grands cactus cierges se découpant dans le paysage alors que la Harley vrombit entre les cuisses, pleine de fureur. De quoi se sentir né pour être sauvage.
Rampage
Walk of shame
Kisses in the fire
Site : http://www.acidwestern.fr/?audio=rampage-2
Le duo normand est signé sur un label breton mais il n’est point question de folklore, plus de folk et d’une vision éloignée d’une Amérique lointaine. Les accents stoner et la dobro parfont l’ensemble et la chaleur, les fétus de paille qui roulent poussés par le vent peuvent être ressentis. Les guitares roulent et évoquent l’aventure, vectrices de promesses de lointain comme avec le titre bien nommé « Promises ».
Les deux pistoleros parviennent à restituer les nuances d’orange du soleil couchant vers lequel se dirige le cowboy solitaire. C’est brut et parfois aride tout en conservant une touche de poésie, sombre et rouillé ainsi que le mentionne le titre de l’album, en parfaite concordance avec cette vision de l’Ouest sauvage.
Bandcamp : https://undobar.bandcamp.com/
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Yukon Blonde a tourné aux USA et au Canada où il fut considéré comme le meilleur groupe canadien en 2010. Tiger Talk (2012) contribua à ouvrir la notoriété du groupe. « Saturday Night« (mars 2015) est le single qui annonce leur nouvel album. One Blonde permet au groupe de poursuivre sa route dans des odyssées miniatures tout en échos et correspondances secrètes où les ombres indies restent perméables aux musiques du temps sans chercher pour autant à les recopier. Le groupe garde son cap et ses fondamentaux pour créer une musique marquée par son pays mais qui pourrait facilement se faire apatride. On attend la découverte du groupe par et en Europe. Il brade les ressemblances au profit de sa présence particulièrement prégnante.
On pense à Joni Mitchell pour son blues-folk et à Amy Winehouse pour les déchirures et les blessures. Toujours accompagnée par le percussionniste David Donatien, l’artiste donne une intensité à toutes ses interprétations parfois sulfureuses. L’émotion ruisselle de motets qui font de l’auditeur le captif consentant d’un processionnal de titres. Ils conduisent parfois jusqu’en bordure de ravins sans y tomber jamais.
Chaque titre est un chemin de traverse animé par un souffle rare. Il crée des abris sous les tempêtes et noue douleur et plaisir entre force et faiblesse, que les modulations de la chanteuse soulignent avec subtilité dans un miracle d’alchimie entre les mots et les sons. L’artiste crée là un journal intime en différentes cases : elles construisent une marche pour la vie et ses illuminations. Older n’est donc pas un retour en arrière : être plus vieux permet à l’avenir de se réaliser un peu mieux. Les souvenirs à force de tituber finissent par se dissiper.
Après une première bouchée de deux titres, il faudra patienter un brin pour pouvoir se resservir. De quoi saliver en attendant.
Björk demeure en elle même et telle quelle. La diva nordique garde une voix toujours aussi impressionnante avec ses envolées et ruptures. D’où vient que son opus laisse sur la faim ? Sans doute parce que celle qui ne cesse s’approcher d’un au-delà des apparences et sait évoquer un insatiable et une insatisfaction existentielle ne donne là qu’un reflet trop reconnaissable de ses multiples et inaltérables carnations. Certes il n’y a rien à rejeter dans Vulnicura (et ses – comme son nom l’indique – ‘soins-blessures’), pour autant les voies de l’invisible et de la diaphanéité demeurent trop attendues comme s’il manquait la proximité qui rapprocherait la nymphe du monde des humains. Ceux-là sont sans doute « trop humains » pour l’artiste, mais face à eux elle est peut-être trop désincarnée et presque abstraite.
Le chanteur et guitariste de l’Oklahoma rejoue « des » et « les » racines avec fureur et swing. Le disque est bourré d’énergie et n’est en rien pépère. La dynamique du passé est conjuguée au présent. On se sent manié par un « danseur » qui impose sa fougue, son talent d’instrumentiste et sa voix selon une imparable rythmique, suffisamment originale pour effacer le goût délétère du passé aussi revigorant fût-il. Un foyer de fureur s’active en son milieu, une certaine profondeur l’aspire dans la voracité des rythmes.
Cette année, pour la première fois, l’International Jazz Day s’est exprimé au sein d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), Charlie & the Soap Opera s’en faisant le héraut. Délaissant pour l’occasion cinq de leurs camarades, Rémi et Alex ont évolué dans un répertoire plus classique, moins « rentre-dedans » que leur funk habituelle, tout en prenant le soin de glisser une de leurs compositions dans la prestation. Que les réactions aient été éminemment mobiles ou plus dans l’apaisement, l’émotion et le partage ont été au rendez-vous. Contrat pleinement rempli donc.
Site : http://catso.fr