Cécile Nicolas, au travers de son projet musical déjà porté sur de précédentes réalisations, crée un équilibre éclectique, comme collecté au gré d’un voyage en terre claire. Les bidouillages, les notes organiques de cordes frappées, les samples vocaux s’articulent et s’enchainent avec une netteté lumineuse, navigant entre ambiances fantastiques et ritournelles entêtantes.

L’album, au travers de ses 9 compositions, parvient à faire voyager. Ouvrant la voie avec une introduction qui porte bien son nom, créant une atmosphère de rêverie propice à la poursuite du périple. Entre réminiscence d’enfance, voyage d’adultes, réalité, rêve. Ailleurs surtout. Et ce parcours oscille entre sensations connues sans qu’elles ne puissent être rattachées à un point particulier, et vertige de la découverte, abaissant en ce sens toute barrière qui aurait pu être érigée insidieusement par de quelconques a priori.

Et la perspective de replonger sous peu dans cet univers avec la suite du projet, , réalisée en collaboration avec divers artistes, ne peut que donner l’envie de ressortir de son intérieur pour mieux reprendre le chemin musical.

1. Afraid of the dark
2. Let the right one in
3. Untitled
4. The Lost boys
5. Trondheim
6. Monsters under the bed
7. Takk
8. Ballagàrraidh
9. Northern lights

Bandcamp : https://18h15.bandcamp.com/album/ok-nd

L’équilibre entre précision et généralisation est délicat. Ici, l’ouvrage, ainsi que l’annonce la quatrième de couverture, se destine au néophyte plutôt qu’au vétéran de la bière tiède servie dans des gobelets. Les grandes lignes, les querelles de clocher, les origines sont évoquées à grands traits, quitte à faire grincer quelques dents. Il sera possible également de regretter l’absence d’actualisation par rapport à certaines actualités (RIP Lemmy). L’ensemble n’est cependant nullement condescendant, comme cela est trop souvent le cas dans différents supports consacrés au genre, que ce soit au regard de la démarche (‘Expliquons le métal à des pauvres ignorants’) ou du sujet (‘Expliquons la musique de ces plus ou moins gentils sauvages’). La passion de Pompon y est sans doute pour beaucoup.

Les lignes sont foisonnantes de références, de telle manière que le nouveau venu pourra s’y perdre. Le retour de certains noms permettra cependant de cibler les références majeures. Et l’amateur pourra également repérer quelques groupes à même de piquer sa curiosité, ainsi que de nombreux souvenirs.

Au travers de 66 pages (666 auraient sans doute été trop nombreuses), l’ouvrage réussit à se montrer transversal, à éluder les polémiques stériles sans pour autant occulter les faits (coucou la Norvège et le black metal). Et surtout il constitue un support d’introduction loin de clichés véhiculés par les médias généralistes que les amoureux du genre peuvent s’approprier pour échanger avec leurs proches quant à cette musique bruyante et outrancière qui les anime tant.

Ils se glissent dedans, la découpent, en font un open-bar où beaucoup pourront trouver ce qu’ils cherchent si toutefois ils aiment la légèreté de l’être et de l’existence. Jamais fainéante la musique avance sur un tempo soutenu et selon diverses vélocités. Le grand-duc et sa grande duchesse dérivent à l’instinct afin que leurs titres pétilles. Il s’agit là sans doute d’une musique de divertissement mais elle se déplie sans la moindre mollesse. De bout en bout existe une suite de brisures craquantes.

Cette installation sommaire restitue parfaitement l’épure d’une telle musique. Elle est la plus dépouillée qui soit. Elle oscille entre folk instrumentale et conte populaire, blues africain, haïku et musique contemporaine. Mais l’artiste est au-delà des genres. La basse conserve des bruits métalliques qui appuie les mélopée du songwriter. Avare de mots Charles-Eric Charrier propose une œuvre introspectives même si les textes sont fait de choses vues ou entendues et d’émotions qui transparaissent – par exemple sur le visage d’une femme. Reste le jeu de perceptions prenantes et envoûtantes d’un voyage sensuel : la musique fait au loin entendre la mer. Oldman est magnifique de bout en bout de même que la pochette rehaussé des dessins et peintures de Béatrice Templé.

L’EP L.O.V.E a été, de manière fort judicieuse, été révélé au monde le 14 février, honorant ainsi tous les Valentins et les Valentines, de la manière qui semblait à ceux-ci la plus appropriée. Sûrement en leur flattant les oreilles donc.

GaidjinN collabore avec Betraying the martyrs sur un titre, « We the blood », ce qui permettra à certains de situer le fonds musical dont il est question. Pour les autres, il est possible d’évoquer la très grande maîtrise technique, mise au service d’ambiances sachant mêler les atmosphères avec certaines lueurs éthérées, en contraste avec des rythmiques musclées et des grognements d’outre-tombe. Clair-obscur, clair-saturé, telles sont les oppositions qui se répondent de manière fluide, mêmes si les heurts sont légion.

Une fois la surprise de l’évolution musicale passée, il est possible de se recentrer sur ce qui est à présent proposé et d’apprécier sans retenue les compositions, riches en nuances. Cet EP est présenté comme un prélude à un album et cela ne peut qu’être intéressant, si tant est est que cela ne débouche pas sur une fugue.

1. We love because he first loved us
2. Swarming creatures
3. We the blood
4. Dying for the love of gods
5. Living for the love of us all
6. Deeper underground

Deezer : http://www.deezer.com/album/11933732

]]> http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/8959/2016/03/14/gaidjinn-l-o-v-e-2016-autoproduit/feed/ 0 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/8959/2016/03/14/gaidjinn-l-o-v-e-2016-autoproduit/ http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/U27mk7jdU1s/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/8955/2016/03/14/origami-geijutsu-the-hibakuska-haikus-2016-autoproduit/#respond Mon, 14 Mar 2016 09:28:03 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=8955 Si l’imaginaire musical s’abreuve à intervalles réguliers de la culture nippone, elle est souvent un habillage, de jolies estampes délavées ne reprenant pas l’âme de l’archipel. Pour autant, est-ce là le plus important ? Si des formations telles que G.Nova s’approprient avec respect l’atmosphère du pays du Soleil Levant, il semble sans nul doute préférable de ne pas sombrer dans la singerie, et de s’abstenir plutôt que de caricaturer. ORigami geijutsU (OR.U pour les intimes) ne teinte pas son mathcore d’harmonies sensément représentatives du Japon. Et cela préserve l’essence des compositions.

Instrumentales, à l’exception du titre de clôture « Paranoid » qui accueille Olivier Haes, celles-ci connaissent leur lot de dissonances et de changements de rythmes plus ou moins abrupts. Et, ruptures faisant, révèlent toute la pertinence du nom du projet porté par ce trio lillois. L’origami permet, au gré de pliures précises d’une simple feuille de papier, à donner naissance à des formes plus ou moins complexes rappelant des créatures, existantes ou non. Et c’est bien à cela que se livre les trois comparses. Au gré de leurs changements de gammes, de rythmes, de notes, il parviennent à matérialiser des univers déstructurés, n’existant que dans les fragments d’instants modelés à coup de boutoirs rythmiques.

De ce foutoir apparent jaillissent de purs éclats d’atmosphères, aussitôt renversés à peine esquissés, comme le premier coup de pinceau sur la toile se voit recouvert par les suivants.

1. Fig. 1
2. The Randlett system
3. Trisection on a leaf
4. Paper yokais awakening
5. Senbazuru
6. Axiom II too slow to fold
7. Differential geometry
8. A Rustle before silence II
9. A Rustle before silance III
10. Paranoid

Facebook : https://fr-fr.facebook.com/origamigeijutsu/

L’univers éthéré du groupe de Phoenix est comparé parfois à ceux univers de Lana Del Rey et Florence and the Machine. Mais il existe chez MS MR quelque chose de plus complexe, radical, minimaliste. How does it feel le prouve en particulier avec le génial « All The Things Lost ».

Le mélange entre la voix de Lizzy et l’électro est envoutant. L’auditeur ne peut que se laisser prendre dans la magie de composition à la fraîcheur sophistiquée et cosmique. Il ne sait plus s’il est dominé par des compositions rouées et factices ou par les œuvres les plus profondes et intenses qui soient. Les boucles sonores semblent ôter tout sentiment critique. Et qu’importe d’ailleurs : il suffit de se laisser glisser dans ce royaume minimaliste et étrange d’une qualité premium.

Martha High fut plus encore : l’amie et le soutien moral de Brown. Mais à l’époque de la gloire du pape de la Soul elle était jeune, timide et sans doute écrasée par sa présence. Les temps ont changé. Elle mène désormais une double voie. Elle est la chanteuse principale de l’orchestre de Maceo Parker et, désormais, elle commence une carrière solo. Ce premier album est celui qu’elle a désiré enregistrer depuis très longtemps. Il tient ses promesses.

Une de ses premières chansons fut « Hustle Time ». Elle représente la fin de son aventure avec The Black Boss et le début de sa carrière solo. « Hustle time » c’est l’heure d’y aller. Et, après 40 de tournée,s derrière la « Platine Blond Soul Sister » reste celle qui va telle une bombe d’énergie. La native de Washington  s’est entourée entre autre de  Morris Hayes (clavier de Prince) et Vicki Anderson pour son album.

Celui-ci ressemble à ceux de Brown par sa perfection.  L’artiste y cultive une  funk rare tout en refusant le hip hop qui pour elle n’est qu’un dévoiement de la soul dans sa culture de la violence. La « Black Blonde » a de quoi impressionner et l’âge lui a donné la sagesse suffisante pour écarter tout effet superflu. La musique trouve là une plénitude d’un style certes un peu « décalé » mais qu’il ne s’agit pas de rejeter. Les musiciens eux-mêmes peuvent y trouver une leçon de « conduite ».

De bonnes références pour un plaisir un brin coupable. Il est un brin difficile de séparer le plaisir issu des compositions en propre de leurs glorieuses références. Un peu comme un adulescent recherche dans des ersatz de bonbons les goûts de son enfance. Mais en dépit de cette pensée mitigée, les écoutes peuvent être menées de manière plaisante. Et si c’est sans doute par les analogies qu’il est possible d’accrocher aux mélodies de la paire, il semble raisonnable d’envisager que c’est sur son nom propre et sans interruption que se réaliseront les lectures d’IVG.

1. The Breaker
2. Artemis
3. All I love
4. All day long
5. Kill you
6. Sweet baby’s gone

Bandcamp : http://irisvongul.bandcamp.com/album/iris-von-gul