Le blog des Immortels - Chroniques musique alternative » Chroniques World http://www.lesimmortels.com/blog Le blog des musiques alternatives et des alternatives musicales Wed, 05 Sep 2012 17:42:59 +0000 http://wordpress.org/?v=2.8.4 fr hourly 1 Berceuses des fées et petites sorcières (14 sortilèges pour s’endormir en bonne compagnie) (2011/Prikosnovénie) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4415/2011/12/22/berceuses-des-fees-et-petites-sorcieres-14-sortileges-pour-sendormir-en-bonne-compagnie-2011prikosnovenie/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4415/2011/12/22/berceuses-des-fees-et-petites-sorcieres-14-sortileges-pour-sendormir-en-bonne-compagnie-2011prikosnovenie/#comments Thu, 22 Dec 2011 09:58:58 +0000 Killer Queen http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4415 Berceuses des fées et petites sorcières (14 sortilèges pour s'endormir en bonne compagnie)Nouveaux murmures au coin du feu en compagnie du label Prikosnovénie berceuses_chro

Premiers flocons. Vent froid. Solstice. Autant d’indices qui font dire que la magie de Noël approche. C’est bien le moment, avant de s’endormir, d’écouter des berceuses de fées et petites sorcières.

Cette excursion est une nouvelle fois proposée par Prikosnovénie, le label de référence en terres de Faërie. Ce cinquième volume de la collection La Nuit des Fées accueille en son sein de bien coquines sorcières, et se déroule aux côtés d’un recueil de quatorze contes illustrés cette fois encore par Sabine Adélaïde, qui décidément sait tendre l’oreille et peindre ce que disent les fées, et mis en plume par Régis Aubert. Des mots sensibles et des aquarelles légères, quatorze étapes qui accompagnent ici une nouvelle expérience sonore pouvant à loisir accompagner les contes ou être écoutées et savourées isolément.

Sur le plan musical, Prikosnovénie puise dans son riche catalogue pour offrir une œuvre collective dense, ciselée, marquée par l’heavenly et le folk éthérés, chevaux de bataille du label qui défend depuis toujours ces genres musicaux magnifiques et leurs scènes florissantes. À noter qu’Arnö Pellerin et Frédéric Chaplain, figures de proue du label, se mettent également à table sous le doux nom de code Arfang, offrant ainsi une démonstration des plus percutantes de ce que peut inspirer l’envol d’une chouette des neiges.

Comme à son habitude, l’expérience de La Nuit des Fées est maîtrisée et envoûtante. On y retrouve des valeurs sûres, fidèles d’entre les fidèles, comme Daemonia Nymphe, Pinknruby et Mediavolo. Ces groupes contribuent à l’atmosphère délicate de l’ensemble, entre suspensions, brumes de battements d’ailes diaphanes et quelques ricanements sardoniques. L’aspect fantastiques est restituée avec soin. La dualité contes / musique peut être déployée à destination de jeunes oreilles plus ou moins sages, afin de les guider vers Morphée. Mais les deux éléments ont tout autant adaptés à des auditeurs et auditrices plus âgé-e-s, pour peu qu’ils et elles soient toujours sensibles au merveilleux.

Évidemment, au lendemain du solstice d’hiver, il est plus que jamais d’actualité de célébrer toutes ces fées, ces sorcières, ces créatures mutines ou malicieuses. Qu’elles soient françaises, étasuniennes, italiennes, autrichiennes, finnoises, slovènes, anglaises, grecques, espagnoles, suisses, toutes se retrouvent en terre commune pour célébrer le sommeil de l’enfant (pas si) sage.

Car une fois encore, les fées existent. Les lutins aussi. Les sorcières aussi. Et, pour la beauté des yeux et des oreilles, tout ce petit monde n’a pas fini de tourner autour ce ceux et celles qui savent les entendre.

  1. MEDIAVOLO Hypatia
  2. ALMAVEDA Milaf
  3. BOANN Tamlin
  4. LES MARIE-MORGANE A ched an noz
  5. LILY STORM O bee dty host, lhiannoo
  6. SARAH SHAYNA Lullabies
  7. HEXPEROS Elettra’s lullaby
  8. ARFANG Arfang de la lune
  9. E.D.O. (ASHRAM) Sleep against the world
  10. ONDE Le songe de Kylann
  11. H.PETERSTORFER & RIJA Cradle Song
  12. PINKNRUBY Luka
  13. DAEMONIA NYMPHE Oneiro
  14. EYBEC Aire

Le label Prikosnovénie : http://www.prikosnovenie.com

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Guillaume Nicolas a probablement déjà cueilli les Fleurs du Mal. Ce type d’horticulture poétique est en effet un passe-temps assez répandu. Ce qui est en revanche certain à son sujet, c’est sa passion pour un drôle d’objet en bois avec un trou au milieu : la guitare.

Paha Sapa/Mako Sika est un album à guitare. A guitare au singulier, car il n’y a pas ici de bataille de cordes, six étant un nombre suffisant pour produire une atmosphère entêtante. L’instrument est certes relayé par moments par des instruments traditionnels et complété par une section rythmique, toujours mise en œuvre par l’auteur et lui seul, mais constitue le point d’ancrage des différents morceaux. Ainsi, un peu à l’image de ce que propose Youri Blow, il est ici question d’un voyage musical. Celui-ci s’est peut-être nourri de tribulations moins immédiates que pour le chevelu pré-cité, mais permet tout aussi bien un transport immédiat. Des mélodies aux sonorités de l’Orient sont déployées, faisant percevoir des couleurs et des odeurs typiques chez celui qui se risque à l’écoute.

Les compositions proposent des structures particulièrement enveloppantes, donnant une impression de spirales et de rotation. La première écoute se révèle essentiellement portée par la conjonction de la rythmique et du placement mélodique des cordes, les sonorités et nuances accrochant immédiatement l’oreille. Le chant et les textes ne sont perçus que dans un deuxième temps. Si Guillaume avoue accorder une place particulière aux textes, il a le bon goût de ne pas les imposer en les positionnant par trop en avant. A ce titre, le travail de la voix sonne plus familier que celui des autres notes, soulignant de manière plus ‘occidentale’ les mouvements. Cet élément ne nuit nullement à l’immersion, s’inscrivant dans les mêmes volutes d’encens.

Les sensations qui perdurent après l’écoute sont celles d’une certaine moiteur et d’un dépaysement certain. Paha Sapa/Mako Sika retranscrit et fait partager des impressions nées sous d’autres latitudes et longitudes. Un prélude potentiel à la découverte de ces terres lointaines. une nouvelle sorte d’invitation au voyage en somme.

  1. Ya Hayyou, Ya Qayyoum
  2. Poison Ivy
  3. DC-9
  4. Zôt U Râspi Ashem Vohû Vanishten Asti, Zôt Ashaya Dadhâmi
  5. Alba Ayamule
  6. Bint Elshalabia
  7. Dolente C.

Site : http://www.forheavenssake.fr/

Myspace : http://www.myspace.com/fhsake

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Rétrospective sur une carrière exceptionnelle avec le best of fabuleux de Patrick Sébastien.]]> Patrick Sebastien - Best ofLa musique est un art qui n’est pas si aisé. Bien qu’avec internet et l’accès facile aux technologies permettant à tout un chacun d’y aller de sa chansonnette, révélant parfois des perles, la qualité et le talent ne sont pas toujours au rendez-vous, et l’individu lambda ne pourra jamais devenir un génie musical sans don inné ni formation adaptée. Patrick Sébastien, lui, a bénéficié des deux.

Son album L’indispensable pour faire la fête est en réalité un best of, ce qui permet de découvrir la rare préciosité de cet artiste méconnu, qui brille en tout. Chaque morceau est un joyau et la sélection, entreprise toujours difficile pour un best of, propose à l’auditeur un large éventail de ce que l’élégant homme est capable de faire. Tour à tour poète (”Ah si tu pouvais fermer ta gueule”), rockeur (”Viva Bodega”), rappeur (”Le petit bonhomme en mousse”), touchant à tous les styles avec une incroyable dextérité (le très New-Wave “Tourner les serviettes” ou le puissant “On voudrait des sous” et son riff de guitare brutal et efficace), Patrick Sébastien fait voyager l’oreille à travers le monde des mélopées, sur un tapis sonore tissé avec le plus grand soin. Les titres plus anciens sont déjà produits à la perfection, et l’évolution n’est perceptible que dans le registre de l’émotion.

Car Patrick Sébastien vit la musique comme d’autres vivent l’amour. Il l’a dans le sang, dans la voix, dans les mains. Multi-instrumentiste de génie, chaque strate musicale de ses morceaux respire la créativité. Les maracas embrument le coeur, le kazoo emporte l’âme, le tout dans un songwriting irréprochable qui fait que chaque morceau entre immédiatement en tête pour ne plus la quitter, comme pourrait le faire un souvenir très fort, tel que celui de ta première nuit avec ta moitié, ou du jour où tu as eu ton bac.

Composée avec passion, la musique de Patrick Sébastien est parmi ce qui se fait de mieux actuellement. Il méprise les modes, le populisme et la politique. Il donne tout à l’émotion et à la vibration. L’on peut regretter toutefois qu’un best of limite honteusement l’univers prolifique de l’artiste à une petite galaxie ; mais c’est déjà un voyage stellaire enivrant. Le titre inédit, “Grazie Mille”, aux effluves méditerranéennes, vaut à lui seul l’achat du disque même par les fans qui possèdent déjà tout. Les plus frustrés s’enfileront la discographie complète, magique, en espérant le prochain album inédit, promis pour bientôt. On regarde déjà vers les étoiles en attendant.

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G.Nova – “Genbaku” (2011) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3210/2011/03/22/g-nova-genbaku-2011/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3210/2011/03/22/g-nova-genbaku-2011/#comments Tue, 22 Mar 2011 18:04:36 +0000 Killer Queen http://www.lesimmortels.com/blog/?p=3210 G.Nova nous offre son nouveau morceau très inspiré.]]> genbakuJ’avais déjà par le passé évoqué le groupe français G.Nova, notamment pour la sortie de leur premier album L’Écorce Sensible en 2009.

Voilà qu’ils remettent le couvert et ressortent leur savant mélange d’harmonies japonaises inspirées, d’accords progressifs et de percussions savamment incisives au service d’un tout nouveau morceau mis en ligne il y a deux jours et librement téléchargeable.

Un beau cadeau, en somme, car ce morceau est vraiment épatant à beaucoup d’égards. Tout d’abord par sa perfection technique. En effet, même si l’on a déjà pu goûter à leur haute maîtrise de leurs instruments, cela reste impressionnant. Ensuite, l’architecture du morceau lui-même, presque violent par moments sans être dur, est lyrique et entêtant sans jamais être facile. Pour “imager” le tout, on a parfois la sensation d’être embarqué-e dans le métro de Tokyo lancé à très très vive allure, avec une voix off lancinante dans les oreilles et des paysages au dehors qu’on vit plus qu’on ne les voie, entre tradition et modernité, à l’image de ce Japon tant aimé. “Genbaku”, c’est aussi Hiroshima, ou, peut-être, des ravages plus récents.

Et l’on reste toujours très loin du Japon souvent pacotille qui se déverse en France depuis quelques temps, car nous avons affaire à des puristes qui, s’ils savent de quoi ils parlent, savent aussi et surtout le faire partager avec générosité et poésie.

Pour écouter et aimer ce morceau, c’est par là.

Retrouvez aussi G.Nova sur Facebook, ou sur MySpace.

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Gotan Project – Tango 3.0 (2010 / Barclay) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2157/2010/08/04/gotan-project-tango-3-0-2010-barclay/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2157/2010/08/04/gotan-project-tango-3-0-2010-barclay/#comments Wed, 04 Aug 2010 11:00:57 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2157 Gotan ProjectUn pas de deux et surtout un pas de travers de la part du Gotan Project.]]> gotanprojectGotan Project a fait figure de petit canard noir au sein de l’univers musical dans les années 00 en créant une musique techno tango. Le risque était grand de produire du fadassement kitsch. Or, avec La Revancha del Tango et surtout grâce au magique Lunatico, le groupe à la fois argentin, français et suisse imposa sa world music. A cheval sur une musique populaire des plus rétros et une faconde électro intelligente et habile, les deux premiers albums étaient tout sauf mièvres. Inattendus au contraire. Ils osaient jusqu’à rappeler parfois une tonalité disco subtile ou un rap sud-américain amer et doux. Bref ce groupe imposa un son et une tonalité particulière qui fit le tour du monde. Tango 3.0 devait représenter la suite logique de cette aventure bizarroïde.

Certes grâce à Gotan Project, l’électro-tango a désormais toute sa place dans le domaine hétéroclite de la musique populaire. Mais Tango 3.0 déçoit. Il tombe en une auto parodie affligeante des deux premiers albums et plonge dans ce que la world music offre de plus détestable. Aux titres acerbes de Lunatico (qui allait jusqu’à un éloge à l’iconoclaste Fernando Arrabal !) fait place une confiture néo-argentine. Le groupe tente quelques variations mais l’ensemble capote dans un romantisme sud-américain qui n’est qu’un attrape gogos. La chanteuse hispanophone Cristina Villalonga n’y peut rien, même si seule sa voix sort de ce brouet sirupeux ou de ce carnage.

Certes, ce genre de produit très calibré a de quoi séduire ceux qui considèrent la musique comme une bourre ou un fond musical pour aéroports. Mais l’érotisme du tango se dégonfle. Vaguement planant, l’ensemble n’est plus qu’une machine capable de créer une musique digestive pour soirées plus languissantes qu’alanguies. Reste un folklore où l’électro n’est plus qu’un emballage postmoderne pour un tango qui perd sa force originelle. Le C.D. va de poses en poses mais, question sueurs et frémissements, on repassera. A l’étrange volupté de Lunatico succède donc un ensemble qui fuit la bamboche et les explorations musicales. Ne demeure que l’agencement d’un cérémonial surfait et répondant aux règles d’un marketing musical qui racle les fonds de tiroir et exploite de vieux filons.

Tango 3.0 ne fait que prendre des poses mollasses. Gotan Project botte en touche dans son velouté. La musique se fait vendable parce que gentillette. De lourds tapis semblent s’y étaler afin d’atténuer les bruits des escarpins des hidalgos et des talons hauts de leurs cavalières. Reste une musique de masse lourde de fantômes qui s’épaissit de fards. Se perd toute la poésie des dancings de Buenos Aires comme ceux de l’électro. C’est (au mieux) de la world qui ressemble à ce qu’elle reste trop souvent : adultère pour marins d’eau douce qui larguent des amarres, pour charbonniers qui broient du noir et blanchisseuses qui repassent de l’argent sale. La musique ne fait plus qu’entrer en manières.

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Mama Rosin – Brûle Lentement (2009/Voodoo Rythm) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1586/2010/05/17/mama-rosin-brule-lentement-2009voodoo-rythm/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1586/2010/05/17/mama-rosin-brule-lentement-2009voodoo-rythm/#comments Mon, 17 May 2010 11:00:50 +0000 Daphné http://www.lesimmortels.com/blog/?p=1586 Mama Rosin Suisse + Louisiane = Mama Rosin.]]> Mama Rosin - Brûle LentementLes Mama Rosin sont des Suisses qui jouent de la musique cajun. Les Cajuns sont une ethnie américaine vivant surtout en Louisiane, et sont les descendants des Acadiens. Les Acadiens, eux, sont des descendants de colons français installés dans les provinces orientales du Canada. Colons français qui, pour leur part, venaient majoritairement du Poitou-Charentes, peuplé donc de Poitevins dont on sait qu’ils n’ont probablement pas d’ascendance arabe du fait de l’intervention de Charles Martel en 732. Charles Martel qui se trouve être le grand-père de Charlemagne, lequel a récemment été interprété par Christopher Lee à l’occasion d’un disque chroniqué ici-même. Pfiou.

Pour le jeu des six degrés de séparation, on va dire qu’on a perdu : on pourrait prétendre que la musique de Mama Rosin va puiser sa source très très loin pour terminer sa course sur le blog des Immortels, et pourtant il n’a suffi que d’un disque arrivé dans notre boîte aux lettres par un pluvieux matin. Comme quoi, parfois, le chemin le plus tortueux et torturé n’a guère de puissance face à un simple timbre. Je devrais proposer ce slogan à la Poste, tiens.

Entre la Suisse et la Louisiane pittoresque, il y a un grand fossé culturel. Pourtant, le jeune trio parvient à retranscrire cette ambiance avec talent. Ils arrivent à mêler le Blues à la bouse sans tomber dans le ridicule ou la caricature grossière à laquelle on s’attend en lisant les titres des pistes : “Le two-step de l’haricot” ou “La valse des beaux-frères”. On a peur au début de tomber sur une resucée de Renaud version redneck, mais on en est loin. Les textes n’ont pas grande prétention littéraire et mélangent l’anglais au français dans un créole/yaourt exotique, à l’image de cette région d’Amérique qui fut française avant que Napoléon ne s’en débarrasse. Peu importe qu’on n’y comprenne rien : la musique parle et suffit. Mélodéon, banjo, guitare s’entrechoquent dans la poisse bluesy et saturée de 13 chansons très courtes et typées, empreintes de groove, de désespoir et des espoirs. Pas le temps de bâiller lors de cette ballade dans le Bayou du lac Léman : l’album ne dure pas. Et c’est plutôt tant mieux, parce que la musique cajun n’est pas parmi les plus variées mélodiquement, et l’ennui risquerait de vite se pointer. Le voyage est court mais intense, et ne “Brûle” pas “Lentement” comme le suggère le titre de cet album sympathique qui ne se prend pas au sérieux mais ne fait pas dans le foutage de gueule pour autant.

http://www.myspace.com/mamarosin

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Sharon Shannon – Saints and Scoundrels (2009/the Daisy Label) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1227/2010/02/27/sharon-shannon-saints-and-scoundrels-2009the-daisy-label/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1227/2010/02/27/sharon-shannon-saints-and-scoundrels-2009the-daisy-label/#comments Sat, 27 Feb 2010 15:21:25 +0000 Daphné http://www.lesimmortels.com/blog/?p=1227 Hey, aubergiste, sers-nous ta meilleure Guinness, ce soir c'est accordéon !]]> Sharon Shannon Pour bon nombre d’étrangers, l’accordéon est l’instrument phare de la musique folklorique française, et ce n’est pas totalement faux, bien que la musique folklorique française ait sombré depuis bien des années dans le marasme le plus profond. Pour les français au contraire, l’accordéon représente plutôt la torture auditive perpétrée par le Romanichel massacrant “L’amant de Saint-Jean” dans le métro (pour les citadins) ou par l’orchestre de l’incroyable bal populaire ringard du 14 juillet (pour les péri-urbains). Il existe pourtant une nation où l’accordéon survit à la modernité sans toutefois revêtir d’une aura complètement rance : l’Irlande.

La musique traditionnelle irlandaise fait bien mieux face au changement qu’en France, pour de nombreuses raisons qui nous échappent, sauf peut-être une : Sharon Shannon. Nous, nous avons Yvette Horner et André Verchuren qui se contentent de ne pas faire plus recherché que le Romanichel du métro ; Sharon Shannon, elle,  a bien compris que pour résister, il fallait s’adapter. Donner du Rock’n'Roll au folklore. Souvenez-vous qu’en France, on avait eu Blankass, et ça avait marché…

Sur le marché musical depuis presque 20 ans, Sharon Shannon vit pourtant avec son temps. Elle ose mélanger les genres les plus improbables aux sons celtiques et ça fonctionne à chaque fois. Saints and Scoundrels, son dixième album, le montre bien : sont invités à participer notamment à ce disque la rockeuse Imelda May, les bluesy Cartoon Thieves ou encore le très indie Jerry Fish. Le résultat est, contre toute attente, d’une efficacité monstre, alternant entre les morceaux indie, rock, voire country, avec des morceaux plus traditionnels et Pop rappelant the Corrs mais empreints la plupart du temps d’un second degré qui allège l’écoute. Moderne et kitsch à la fois, festif et bon enfant dans l’esprit Soldat Louis, Saints and Scoundrels transporte l’auditeur dans l’ambiance des pubs irlandais du dimanche soir, le match de foot en moins.

Que les puristes cependant passent leur chemin : ici point de chant gaélique, peu de belles envolées lyriques et pas d’instrumentation purement acoustique. Saints and Scoundrels n’a de traditionnel qu’une vague apparence, et navigue constamment entre deux eaux : la rivière Pop et la mer folk. C’est bien cela qui rend cet album si intéressant, d’ailleurs…

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Urihani – Music for the Planet (2009 / Editions Hibou) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1126/2010/01/27/urihani-music-for-the-planet-2009-editions-hibou/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1126/2010/01/27/urihani-music-for-the-planet-2009-editions-hibou/#comments Wed, 27 Jan 2010 11:00:44 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=1126 La planète vaut bien un album, Urihani lui dédie le sien.]]> urihaniUrihani s’inscrit en apparence dans une mouvance lourde du temps et imprégnée de world music. Mais le C.D. s’en échappe. Il se développe en déversant des flots de fréquences martelées entre la puissance de l’univers rythmique et la stridences des voix qui portent la musique « électro indie» (pour faire simple) vers des univers plus gothiques qu’exotiques. L’ensemble est bien produit et bien écrit par Jeff Alcaras et Philippe Moreau. Les performances vocales en particulier des voix féminines (Emily Spiller, Bahia Ouakssas et Nathalie Leonoff ne sont pas pour rien) dans la réussite de cet album. Il plaira plus particulièrement à ceux qui aiment la musique space mais à forte couverture rythmique. Celle ci donne à Music for the Planet la marque d’une errance en hargne pas forcément retenue et propice aux mixages mentaux et orchestraux.

L’album se veut « avant tout une aventure humaine qui délivre un message optimiste et une hymne à la vie pour les amoureux de la nature ». Voire… Personnellement j’y ai trouvé une teinte plus grave et plus gothique que new-wave. Ce n’est d’ailleurs pas forcément plus mal. Cela dégage l’album d’une ambient trop soft et bien pensante. Alcaras et Moreau se seraient-ils trompé sur le sens qu’ils accordent à leur opus ? Sans doute. Certainement même. Preuve que leur musique les dépasse avec bonheur. Celle-ci n’est bonne quand elle ne se pense plus et qu’elle échappe à ses créateurs. Inconsciemment ils sont sortis des messages messianiques trop politiquement et correctement pensés. La rythmique même des morceaux contredit l’ambition « morale » ou écolo. Urihani nous emporte loin du silence des agneaux et des forêts qui les accueillent. L’approche artistique demeure avant tout violente et sauvage.

Le rythme martèle, secoue au sein de cérémonies qui sont souvent d’un caractère plus funèbre qu’enjoué. Passé le premier morceau à l’orientale, il faut se laisser glisser dans l’obscur noyau de cette œuvre pleine de lames de synthé et de percussions inlassables qui donnent à l’ensemble un côté à la fois gothique et new-wave. Les voix diverses remplissent les intervalles de la rythmique hypnotique. Sans qu’on y prenne garde cette musique agit autant sur les nerfs que sur les émotions bref sur le physique avant même que sur le psychisme. Mais n’est-ce pas là sa force ? Dans la traversée de mondes hybrides Music for the Planet émet quelque chose d’aussi taciturne que tragique, d’aussi spectral qu’envoûtant. Mais pas sûr que les adorateurs de la nature y trouvent leur compte.

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K.R.O.A.Z.H.E.N.T. – War an hent (live in La Tête des trains) (2008 / Coop Breizh) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1080/2010/01/11/k-r-o-a-z-h-e-n-t-war-an-hent-live-in-la-tete-des-trains-2008-coop-breizh/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1080/2010/01/11/k-r-o-a-z-h-e-n-t-war-an-hent-live-in-la-tete-des-trains-2008-coop-breizh/#comments Mon, 11 Jan 2010 11:00:54 +0000 Alkayl http://www.lesimmortels.com/blog/?p=1080 Sur la route avec K.R.O.A.Z.H.E.N.T., sur les traces de Jack Kerouac.]]> kroazhent

« -”Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?”

Et la sœur Anne lui répondait :

-”Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie.” »

Il n’est pas indiqué si cette Anne-là était de Bretagne, mais il est certain que lorsque la poussière elle-même, cette vilaine sorcière, s’attarde par trop longtemps sur un noble album, cela peut être à tort. La péninsule armoricaine est une terre de légendes et de mythes, et non d’anti-mites (quoique lorsqu’on pense à Panique celtique). Ainsi War an hent, enregistrement public du groupe K.R.O.A.Z.H.E.N.T., mérite la lumière, et pas seulement celle du pâle soleil d’hiver.

La formation bretonne, face à son public, donne la mesure de sa musique celtique urbaine. Et comme l’on dit dans la langue régionale de par chez moi : « Quès acco ? ». Ce sont en fait des compositions qui, tout en étant fortement ancrées dans leur terreau culturel et dans leur terroir, s’inscrivent dans l’esprit de la ville, imprégné d’horizons métalliques et d’allées tapissées de bitume. Point de jument de Michao comme moyen de locomotion, mais des moteurs, signe des temps qui changent.

Ce premier point pourrait faire froncer le nez à ceux pour quoi la musique bretonne se résume au festival Interceltique de Lorient. Mais il est fort à parier que c’est plus l’influence de Jack Kerouac. Ce fondateur de la beat generation, le « King of the Beats », et son ouvrage phare Sur la route (War an hent en breton), ont en effet grandement inspiré K.R.O.A.Z.H.E.N.T. : la thématique du parcours est en effet transversale du live et des citations de l’ouvrage sont reproduites sur la jaquette. Et les deux sources d’inspiration, a priori très opposées, se conjuguent ici, portées par les instruments et la langue bretonne. Celle-ci est peu exploitée dans les différents morceaux, mais son phrasé semble se retrouver tout au long des compositions. Et les deux souffles s’entremêlent pour créer un chemin qu’il fait bon arpenter.

War an hent fait partie de ces albums qui, bien que pouvant être éloignés de son propre univers musical, laisse irrémédiablement une empreinte. La trace peut être légère, mais semble devoir s’ancrer quelque part. Peut-être est-ce là la marque de la liberté.

  1. Sur la route (marche)
  2. La horde (kas a barh)
  3. Gwierzienn (plinn ton simpl)
  4. Eñvor (bal plinn)
  5. Dazont (plinn ton doubl)
  6. Harz tizh (lardié 8 temps)
  7. Avance rapide… (fisel ton hir)
  8. Ba’tommder an noz (mazurka)
  9. Pays blanc… (rond paludier)
  10. …swing noir (bal paludier)
  11. War an hent (rond pagan)
  12. Loud ? ya ! (loudéac 1er rond)
  13. Ar maen du (baleu)
  14. An deiz nevez (loudéac 2eme rond)
  15. 10 years after (riquegnée)
  16. Always on the road (gavotte pourlert)

Site : http://www.kroazhent.com/

Myspace : http://www.myspace.com/kroazhent

]]> http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/1080/2010/01/11/k-r-o-a-z-h-e-n-t-war-an-hent-live-in-la-tete-des-trains-2008-coop-breizh/feed/ 1