Martha High fut plus encore : l’amie et le soutien moral de Brown. Mais à l’époque de la gloire du pape de la Soul elle était jeune, timide et sans doute écrasée par sa présence. Les temps ont changé. Elle mène désormais une double voie. Elle est la chanteuse principale de l’orchestre de Maceo Parker et, désormais, elle commence une carrière solo. Ce premier album est celui qu’elle a désiré enregistrer depuis très longtemps. Il tient ses promesses.

Une de ses premières chansons fut « Hustle Time ». Elle représente la fin de son aventure avec The Black Boss et le début de sa carrière solo. « Hustle time » c’est l’heure d’y aller. Et, après 40 de tournée,s derrière la « Platine Blond Soul Sister » reste celle qui va telle une bombe d’énergie. La native de Washington  s’est entourée entre autre de  Morris Hayes (clavier de Prince) et Vicki Anderson pour son album.

Celui-ci ressemble à ceux de Brown par sa perfection.  L’artiste y cultive une  funk rare tout en refusant le hip hop qui pour elle n’est qu’un dévoiement de la soul dans sa culture de la violence. La « Black Blonde » a de quoi impressionner et l’âge lui a donné la sagesse suffisante pour écarter tout effet superflu. La musique trouve là une plénitude d’un style certes un peu « décalé » mais qu’il ne s’agit pas de rejeter. Les musiciens eux-mêmes peuvent y trouver une leçon de « conduite ».

Enregistré à Nashville et aux Bermudes, le nouvel album est « propre ». S’y perçoit la maîtrise d’une artiste qui joue là sur la douceur et le calme – registres où elle excelle mais qui, filés en 13 titres, peuvent légitimement lasser. Un tel album manque d’aspérité mais il plaira à ceux qui aiment la musique cool et ensoleillée. Le titre « Women’s Hands » en est le domaine. Celle qui est aussi une poétesse cultive ici une langueur séduisante, certes, mais qui manque d’originalité et de punch tant les morceaux ressemblent parfois à du copié/collé. Néanmoins l’araignée peut nous prendre comme des mouches dans sa toile.

Portée par le guitariste Victor Gonin et la chanteuse Gaëlle Blanchard, la formation puise dans le hip-hop, la soul, saupoudre son chaudron d’afro-beat et de jazz pour donner à déguster sa potion new soul (non, pas comme Yaël Naïm). Envoûtante comme il se doit, la vibration qui se dégage de ce premier EP se fait ensorcelante (le titre « Spellbound » serait-il plus qu’un clin d’œil ?) et donne à voir un joli mélange de lumières, du matin, de l’atmosphère enfumée d’une salle, d’un intérieur familier après une trop longue journée. Les sensations associées s’ajoutent alors tant à la finesse des structures qu’à l’énergie qui les anime pour créer cet ensemble accrocheur et entêtant qu’est Out !.

En sus du plaisir ressenti, une autre certitude se fait jour, c’est bel et bien que le live doit agir en révélateur des compositions. Si la puissance est évidemment ressentie sur support, le feu de la scène ne peut que permettre à toute cette fougue de transpirer, de déborder, de s’échauffer encore plus vers une œuvre au rouge, aboutissement alchimique de tout le processus créatif mis en action.

1. Nights end
2. Island
3. Spellbound
4. Poor me
5. Nights end (Tanidual remix)

Site : http://www.theroachmusic.com/

Cela n’empêche pas l’artiste de proposer de belles échappées vocales et rythmiques parfois jusqu’à (pratiquement) hurler la rage ou le plaisir. La voix de l’artiste est un « objet » rugueux et fragile propre à ponctuer des accents divers –  de la luxure à la rancune. Le tout avec adresse. Parfois, le murmure s’appuie sur des pulsations nacrées. Le travail est donc parfait. Mais à force de fréquenter les chemins cérémonieux de l’artiste ne s’y découvrent plus guère de sentiers secrets.

Red (enregistré à Brooklyn) marque un écart avec le jeu tribal et violent de William Hooker. L’album est construit sur un insolent bruitisme urbain qui lorgne autant sur l’esprit New-York que celui de Los Angeles. Certains titres se parent d’une poésie ‘spoken words’. Apparemment païenne, elle appelle pourtant à la spiritualité. Celle-ci a toujours été présente chez celui qui ne doit pas se réduire à un simple état de batteur et de ce que cela trimballe en idées fausses. Pour preuve, dans Red, sous les scansions des plus telluriques se cache une approche mystique de la musique.

La pop soul rock prend soudain une dimension aussi lascive qu’énergisante. The Way enchaîne des mélodies aussi aventureuses que musclées et souvent originales par leur orchestration. Avec le morceau qui donne le titre à l’album un ukulélé et la trompette de Maurice Brown suffisent à « emballer » un aveu d’une sincérité touchante. La voix émouvante de « la » Macy y est pour beaucoup. Comme personne, l’artiste sait modeler la douleur sans la mixer dans les soupes de celles portées aux nues de la planète pop mais qui n’en sont que des ersatz commerciaux. Macy Gray s’en moque : elle poursuit sa voie, accepte des prises de risque parfois superfétatoires. Mais c’est peut-être le risque à payer pour que surgissent des albums tels que celui-ci : riche d’une vie parfois brûlante, parfois brûlée mais qui n’a rien d’un tricotage aseptisé.

Une telle œuvre est sans ressemblance. Elle séduit par son caractère hybride. La musique passe par le tête comme par les jambes. Elle est flottante, sensuelle, confondante. Elle brûle de la savane, baigne au fond de bayous selon des protocoles hybrides mais qui refusent la word music. Les musiques se rencontrent sans se confondre dans ce type de confiture. Elle se noue autrement. Reste le bouquet de roses noires et blanches que l’artiste propose dans une musique du corps et du growl où les textes deviennent des chairs de poème de vie.

Passée cette déception initiale, le Romero Groove Band réussit à captiver son auditoire. Sa relecture jazz, soul et funk, toute en légèreté, d’une décennie septante chaude et chamarrée, fonctionne. C’est sans doute sous un versant pop qu’il faut concevoir les cinq titres, présentés comme autant de bonnes raisons que de remuer son popotin. Le chaudron des influences de la formation nantaise  chauffe mais ne bouillonne pas et ni Shaft ni Foxy Brown ne vont venir botter des culs, mais les apports sont là, épinglés comme un joli souvenir plutôt que trainés comme un doudou sans âge.

Outre l’aspect sautillant, une relative insouciance se dégage de cet EP. C’est là peut-être l’œuvre de la flûte traversière. Quoi qu’il en soit, l’écoute se déroule de manière joyeuse, avec un sourire aux lèvres. Et cela correspond à l’énergie propre à cette époque telle qu’on se la figure aujourd’hui, un temps où tout pouvait être possible, sans retenue. Un exutoire ouvert et non confiné en somme.  Et la lecture qu’en donne le Romero Groove Band fait plaisir à entendre, et c’est bien là le principal.

1. Speedometer
2. Hollywood freak
3. Cereal bowl
4. Shake it
5. Funny side up

Site : http://romerogrooveband.com/