Mötley Crüe – Saints of Los Angeles (2008)
Il est de ces retours que nous n’espérions plus. Le Crüe fraîchement reformé pour la dantesque tournée Carnival Of Sins pouvait en effet se reposer sur ses lauriers, et devenir un groupe avachi sur son égo, comme tant de ses semblables le furent (nous ne visons absolument pas Kiss, non non !). Mais pas Mötley. Le gang de Los Angeles avait une mission : enregistrer le meilleur album de Sleaze Metal de l’année. Pari réussi.
L’intro, « L.A.M.F » nous plonge dans l’ambiance. Bruitages malsains, voix sépulcrale et apocalyptique énonçant la perdition de la ville natale du groupe. Mort, damnation, aigreur. Un album autobiographique. En effet, Saints Of Los Angeles est inspiré de The Dirt, le récit à plusieurs mains de la vie de Mötley Crüe. Dès la fin de la première piste, on embraye sur le riff de basse du sale et magique « Face Down In The Dirt », véritable credo de la bande de Nikki Sixx. « Je préfèrerais être crevé dans la saleté avec une balle dans la tête plutôt que d’être comme toi« . Le ton est donné. Ici point de rockstars aseptisées ou de teutons épilés. Le crüe nous refourgue de la sueur, de la mort et du danger, du vrai. Pas l’ersatz de rock and roll que nous proposent les groupes actuels.
Ils nous confient ensuite leurs doutes sur l’entraînant « What’s It Gonna Take », l’ennui sur « Down At The Whisky », mais l’album prend son envol à partir de la piste titre « Saints Of Los Angeles », pièce d’orfèvrerie sur une cité qui les a tour à tour choyés et maltraités. Le second single, « Motherfucker Of The Year » insiste sur la noirceur des âmes composant le groupe, qui les transforme peu à peu en démons. Thème d’ailleurs abordé par le morceau suivant, « The Animal In Me », petite ballade sympathique qui, avec « Welcome To The Machine » (qui fait écho à un hilarant et déprimant chapitre du livre), font un sympathique break avant l’apothéose finale, composée du très noir « Just Another Psycho », qui traite des problèmes d’alcool de Vince Neil, mais évoque aussi la solitude de Nikki Sixx. Un morceau qui arrache des larmes. Heureusement, le jovial « Chicks=Trouble », abordant un thème qui fit la célébrité de Mötley Crüe, à savoir les gonzesses, fait mouche dès son titre et son refrain « Les gonzesses, c’est des emmerdes, faut toujours que je mette le pied dedans« . Effectivement, elles ne leur ont pas fait de cadeau. « This Ain’t No Love Song » évoque quant à lui la baise, la vraie, avec deux grammes de coke et du rock and roll dans un excellent morceau. Just a fuck song… Et la fin, les deux derniers morceaux, les géniaux « White Trash Circus » et « Goin’ Out Swingin » achèvent de faire rentrer l’auditeur dans la psyché du groupe : ils vont se barrer avec ta nénette, mais ils s’en tireront, comme ils l’ont toujours fait.
Un groupe de miraculés, qui sort donc un album miraculeux. Et on en redemande.
-Jo-
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