The Von Corda – Carnation 3 (2015 – Autoproduit)

The Von Corda cultive un rock lourd tout en distorsions et volutes volontairement « sales ». Sous les riffs couve le son profond d’une basse aux suintements livides. Bien des houles se creusent. Effleurent des pointes dans le grave. Tout est cérémonial et austère. L’ensemble est plutôt dark et post-punk tout en ne cultivant pas forcément un genre précis. Chaque morceau reste sensuel. Les plages verrouillent les sons autant qu’ils les font sursauter. Tout cela sent l’asphalte en des prégnances étranges. Elles se ramifient avant de se rassembler dans un creuset, un magma.

Il existe quelque chose d’impérissable et de déjà péri qui ne doit de compte à personne. Dans l’azur laiteux, les sons cristallisent des états déstabilisant sans cesse décomposés puis recombinés. Cela tient d’un empilement sonore. Il semble peu à peu trop éloigné de son point de départ pour y retourner. Néanmoins, la disparité s’amenuise, tout revient à un furtif salut où se marmonnent de (presque) inintelligibles formules d’où émane une grisaille satinée.

Soudain, la peau se hérisse. Preuve que de tels morceaux sont des réussites dans le sursaut d’un continu broyé afin de n’avoir comme centre que des débordements. The Von Corda joue de destructions soigneusement concoctées dans une sorte de labour et de décharges sonores d’où monte, en dépit d’une désespérance latente, une sorte de chaleur.

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