Björk – Vulnicura (2015 – Believe Records)
La fascination qu’opéra l’œuvre de Björk ne fonctionne plus comme elle le fit il y a dix ans voire un peu plus. Néanmoins son album est loin d’être anecdotique. Ambitieux il cultive rugissements sourds et fragile magie. Tout est en habillages subtils, telluriques et délicats travaillés au nom de l’angoisse et ses surgissements. La nature reste omniprésente au moment où la créatrice sortie de son aventure existentielle avec le peintre Matthew Barney retrouve ses propres “lignes”. On est là à mi chemin d’une musique expérimentale où les cordes gardent toute leur importance (comme c’est déjà le cas depuis longtemps chez l’artiste ) et d’une musique électroniques fomentée ici par Arca…
Björk demeure en elle même et telle quelle. La diva nordique garde une voix toujours aussi impressionnante avec ses envolées et ruptures. D’où vient que son opus laisse sur la faim ? Sans doute parce que celle qui ne cesse s’approcher d’un au-delà des apparences et sait évoquer un insatiable et une insatisfaction existentielle ne donne là qu’un reflet trop reconnaissable de ses multiples et inaltérables carnations. Certes il n’y a rien à rejeter dans Vulnicura (et ses – comme son nom l’indique – ‘soins-blessures’), pour autant les voies de l’invisible et de la diaphanéité demeurent trop attendues comme s’il manquait la proximité qui rapprocherait la nymphe du monde des humains. Ceux-là sont sans doute « trop humains » pour l’artiste, mais face à eux elle est peut-être trop désincarnée et presque abstraite.
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