Baby Scream – Fan, Fan, Fan (2015 – Autoproduit)
Baby Scream (aka l’Argentin Juan Pablo Mazzola) est de retour avec Fan, Fan, Fan. L’album cultive un goût prononcé pour la pop des années 60 et 70. Néanmoins l’artiste ne la peigne pas dans le sens du poil revival. Au contraire : tout se teinte d’une tonalité douce et tendrement désespérée très 10’ : à la nostalgie fait place la désillusion. Elle est soulignée par les textes de l’auteur (« Loner », « Just for a while ») et sa voix qui balance au dessus du vide rappelle parfois certains accents à la Bowie ou à la Lou Reed.
Existent en conséquence dans un tel album la pop et son ombre. La musique flotte et fluctue par pulsions volontairement lourdes mais non pesantes. Elles jouent de l’opposition entre l’époque de leurs racines et le temps où elles éclosent. Bref entre l’espoir que tout était permis et les contingences d’un siècle qui n’a de neuf que de nom et se burine d’ombres.
C’est pourquoi dans Fan, fan, Fan les lignes mélodiques semblent toujours sur le point d’être rompues. Elles tiennent par miracle et par la force de création de Mazzola qui sait jouer des lisières, des ruptures. Captant l’esprit de la pop première, il ouvre à une vision délétère mais en pointillé. Ne tombant jamais dans les travers d’un « à la manière de », le créateur prouve que si la musique du temps ne peut être séparée de ses origines, elle ne se limite pas à elle.
L’album crée bien plus que de timides variations sur une ligne générale connue. Il n’est donc en rien un simple avatar en portant l’accent sur les ténèbres du temps même si ça et là pointent quelques effluves et rayons de soleil aux relents d’un « Cheap Perfume ».
Bandcamp : http://babyscream.bandcamp.com
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