David Bowie Is – Lyon Pathé Bellecour (12 mars 2015)
Il est ici question d’un film sur une exposition relative à un artiste principalement connu pour son rôle de musicien. Complexe sous le verbe, mais limpide dès lors que le nom de l’entité est lâché : David Bowie. Une exposition, aujourd’hui itinérante, a été filmée avant son départ et ouvre une lucarne sur la vie et l’univers de l’artiste au travers d’objets personnels de l’homme et originaux de ses performances, à tout âge.
Le spectateur/visiteur est forcément conquis d’avance, sinon il ne serait pas là. Aussi ne peut-il que minauder devant les portraits de baby Jones et sourire devant les dessins du jeune David, réalisé pour ses premiers groupes. Mais dès que les extraits musicaux résonnent et que les brouillons des textes de titres passés à la postérité, le sourire se fige et les yeux se perdent au creux de la propre histoire de leur porteur. C’est là la magie de l’artiste qui se reflète dans le regard des visiteurs interrogés ou des personnalités conviées à livrer un témoignage. Cette singularité se révèle dans ces extraits de vie à jamais modifiées par le natif de Bromley. Tout autant qu’on puisse être stupéfié par la vue d’un Jarvis Cocker presque sobre, on se prend à vibrer à la vue d’un simple morceau de tissu, rendu équivalent du Graal par simple contact avec l’épiderme de Ziggy, ou plutôt de sa vibration musicale.
Le génie de Bowie, cette sensibilité exceptionnelle au monde, aux tendances, cette faculté à sentir les tendances, canaliser les énergies pour mieux s’approprier les temps ont maintes fois été évoquées mais éclatent réellement au travers de cette exposition. Ce qui apparaît encore plus cependant, c’est cette capacité à toucher juste, cette démarche qualifiée d’individualisme radical qui a pu confiner et tutoie encore l’universalisme émotionnel. Il n’y a qu’à voir cette lueur d’amour dans les propos livrés par les personnes filmées, aura rendant ceux qui prononcent ces mots magnifiques car nimbés par la grâce transmise par l’artiste.
Par effet de rebond, la salle de cinéma apparaît d’un coup trop étroite, trop statique, étouffante. La musique est vibration, mouvement, fugue et ne saurait être contenue en l’espèce. L’envie de bouger se fait pressante mais on se ravise, tant par respect pour les conventions que par considération pour sa camarade de projection et ses ligaments arrachés. Mais cette séance serait plus à sa place dans un entrepôt décadent, avec un groupe qui joue dans un coin, un bar et des convives chamarrés et merveilleux. Quant à compléter l’affirmation qui sert de titre à l’exposition, il apparaît, d’évidence, que David Bowie est cette vibration à même de tirer vers le haut et de révéler. Rien de moins.
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