Hélène Grimaud L’Enchanteresse @ Auditorium de Lyon – 30/01/2015
Le classique est-il alternatif ? La question en se pose pas : qu’il y a-t-il de plus DIY que de s’approprier des compositions datant de plusieurs siècles ?Et que dire lorsque la tête d’affiche de la soirée a tout de la rock star ? La pianiste éminemment médiatique Hélène Grimaud est de ces, relativement rares, musiciens classiques dont la réputation dépasse le cercle ouaté du milieu et dont, par conséquent les passions, lupines en l’occurrence, extra musicales sont plus connues que l’œuvre effective. Son aura la rapproche de fait des bêtes de stades.
Une nouvelle illustration de ce magnétisme aura eu lieu lors de cette représentation. Balayé le changement d’ordre des parties de la soirée, oubliés les propos pourtant inspirés de l’adjoint à la culture en introduction des 40 ans de l’Auditorium (quel magnifique écrin !) :à peine est-elle entrée dans la salle que les regards convergent vers la pianiste, toute vêtue de blanc par contraste avec au noir de l’orchestre. Au cours des trois quarts d’heure suivants, la danse sur l’ivoire de la dame blanche vient tantôt en opposition, tantôt en éclaireur de la force des autres artistes. Possédée par sa musique, Hélène Grimaud décrit des cercles de son corps et fait tourner toutes les têtes de son toucher à la fois léger et puissant.
Fin du concerto, la salle déborde d’applaudissements. La pianiste quitte la scène, revient et gratifie le public de quelques minutes de magie supplémentaires hors la présence du chef d’orchestre, salue et s’en va. La star est venue, a vu et a vaincu. Les lumières se rallument, c’est la fin de la soirée. Non, ce n’est que l’entracte en fait, mais cet instant de flottement saisit bien des esprits. Deux autres parties se tiennent après la pause. Tout d’abord le « Postludium » contemporain de Bruno Mantovani (seul compositeur présent dans la salle, Brahms et Ravel n’ayant pas fait le déplacement), tout en percussion et en puissance. S’ensuivent les cinq pièces enfantines de ma mère l’Oye de l’auteur de l’inénarrable « Boléro », plus en fluidité et en douceur.
La deuxième partie de soirée, si elle fait retomber la magie, permet d’apprécier la qualité technique de l’orchestre, sa précision, sa puissance. Pourtant il est difficile de ne pas penser que le programme tel qu’il avait été élaboré et annoncé, avec un point d’orgue laissé entre les mains délicates d’Hélène Grimaud, aurait été plus adapté.Qu’importe cependant, durant de délicieuses minutes le paradis n’aura jamais aussi bien porté son nom.
Tu sais, Alkayl, ça va finir par se voir que tu es amoureux ! ^_^