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Marilyn Manson – The Pale Emperor (2015 – Cooking Vinyl)

Marilyn Manson (ou MM pour ses spooky kids et autres fans), fils maudit des États-Unis, tant il lui jette au visage ce qu’elle cache si mal. Tout aura été dit sur l’homme au nom union contre-nature du glamour (Marilyn Monroe) et de l’horreur (Charles Manson) de l’American Dream. Grand Satan, poly-toxicomane pervers, néfaste tueur en série de la jeunesse par procuration (voir son argumentaire intelligent et intelligible face à ces accusations dans le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore), travelo scato perdu entre les genres, les sexes et les sexualités, sadomasochiste forcené, schizophrène créatif tant en musique qu’en peinture, adorateur du glauque, adolescent attardé aux cauchemars plus vomis que digérés, depuis plus de vingt ans, Brian Warner défraie la chronique en restant considéré par les uns comme la source de tous les maux, bon pour le bûcher (comme à Salem), et par les autres comme la source de tous les mots, une créature vénérée et quasiment surnaturelle. Fi de la demi-mesure, Marilyn Manson agite tant dans les bas fonds que dans les bas instincts ou les bas ventres.
Ces jours, comme pour célébrer le début de cette bien étrange année 2015, le Révérend et son groupe de furieux sortent un nouvel album : The Pale Emperor. Après avoir été un sale gosse lubrique, une âme damnée, la putain de l’Amérique, un mutant androgyne, un artiste maudit, un dandy borderline, voilà que Marilyn Manson nous révèle sa nouvelle mue, sa nouvelle peau scarifiée et marquée au fer rouge vif. Celle d’un Empereur pâle, donc. Exsangue, un brin plus posé, peut-être (et encore…), mais toujours monarque en son domaine de rage et de feu. (Enfin ?) Adulte, en somme. Maniant un blues nouveau comme s’il avait toujours tordu sa psyché, cet opus se pare de nouveaux fards, moins violents, moins sanglants, moins tranchants, moins saturés, moins grotesques mais certainement pas en demi-teinte ni piqués dans un autre sac à main. Les sons métalliques et méandreux propres à l’entité Marylin Manson sont bien là, savamment dosés, notamment ce traitement rythmique si particulier et les filtres nasillards. Cependant, surprise, on y chante plus que l’on y hurle, on s’y lamente plus que l’on y crache. Moins crade mais toujours vengeur et pourfendeur, en particulier lorsqu’il s’agit de torturer les deux mamelles étasuniennes que sont les armes à feu et cet étrange God, Marilyn Manson réussit à livrer un album purement tragique et habité d’une maturité nouvelle, exploit d’autant plus impeccable qu’après mille et une frasques, on aurait pu croire le vétéran du rock incapable de nous surprendre encore, voire pire, assagi ou tout du moins apaisé. Il fait ici bien plus que seulement sortir un nouvel album époustouflant et maîtrisé : il envoûte, il appuie là où le souffle se coupe, il est tout simplement beau. Déchiré et déchirant. J’MM le Maudit.

  1. Killing Strangers
  2. Deep Six
  3. Third Day Of A Seven Day Binge
  4. The Mephistopheles Of Los Angeles
  5. Warship My Wreck
  6. Slave Only Dreams To Be King
  7. The Devil Beneath My Feet
  8. Birds Of Hell Awaiting
  9. Cupid Carries A Gun
  10. Odds Of Even
  11. Day 3 (Deluxe Edition)
  12. Fated, Faithful, Fatal (Deluxe Edition)
  13. Fall Of The House Of Death (Deluxe Edition)

Site officiel : http://www.marilynmanson.com

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  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?