Cape Noire – Ad Nauseam (2014 – Autoproduit)

Évoquer les dernières lignes des Mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand peut sembler hardi dès lors qu’on s’apprête à mentionner une pièce musicale, mais cette allusion n’est pas ici hors de propos, loin de là. Non point du côté de la pompe souvent inhérente aux écrits du vicomte, mais bel et bien pour la puissance évocatrice des 6 titres proposés.

Bien lancé par le titre « Fire » mis en avant sur le bandcamp de l’artiste, le noir trip hop issu de la sombre capuche de Cape Noire surprend, bouscule, renverse. A bien des lieues des clichés parfois véhiculés par la musique se réclamant du giron des ténèbres, les compositions font montre d’un bel équilibre entre retenue, justesse, flambée, menace. Cordes, machines, voix, les éléments s’articulent de manière fluide, y compris dans les grincements et bourdonnements. Inscrite dans une démarche DIY de la jaquette à la réalisation unipersonnelle des morceaux, la qualité de l’EP ne peut que retenir l’attention et emporter a minima des hochements de tête en rythme.

L’écoute s’avère une épiphanie, un peu comme si un astrophysicien était parvenu à observer l’énergie noire. En effet, c’est en quelque sorte comme si différentes composantes de la musique dite sombre avaient fait effort d’évidence pour se matérialiser. Il ne saurait donc être question de découverte au sens strict mais plus de révélation.

Arborant une tenue évoquant la faucheuse ou encore Charon, l’artiste mène remarquablement sa barque, les 6 titres jouant le rôle d’eaux du Léthé à même de faire oublier bien des artistes plus en vue.