Nesseria – Fractures (2014 – Throatruiner Records)
Avec Fractures, Nesseria sort un album à tout casser… Après une prompte esquive de tomates, il convient d’expliciter cette accroche ô combien efficace et, surtout, ô combien pathétique. Si elle n’est point osseuse, la densité des titres composant l’album ne peut être que constatée. Pourtant ceux-ci abondent en ruptures, cassures et atmosphères qui fleurent bon les lignes brisées.
Cette idée de fractures s’intègre naturellement au post hardcore francophone proposé par la formation. La langue utilisée n’est pas ce qui attire forcément le plus l’oreille, le chant ne permettant pas forcément une accroche fine des paroles proférées. En revanche, la puissance et l’énergie déployées sautent à la face tel un alien sortant de l’œuf : rien n’y fait, impossible de s’en décrocher.
L’image de couverture traduit avec exactitude l’atmosphère de cet album, empreint d’une sorte de distorsion, de flou, de ‘bruit’ tel qu’issu des logiciels de retouche d’image. Ce brouillage sensoriel n’est pas déplaisant mais déstabilise et c’est bien là son but. Alors que les guitares fouettent, la rythmique percute, le chant agresse, les pensées se perdent au détour « Des Rues ordinaires », sans un mot pour « Le Malheur des autres », « Leurs histoires » ou à l’attention de « Ceux qui restent ».
Ainsi que l’atteste cette juxtaposition de titres de l’album, les compositions forment une trame narrative un brin abstraite mais réelle. Ce fil ténu sert de main-courante le long des dix stations. Et une fois parvenu au terme, une évidence s’impose : l’énergie déployée est tellement prégnante qu’elle ne peut être qu’éclatante en concert, ainsi que cela se murmure dans les cercles autorisés et sûrement dans les interdits également.
- Des Rues ordinaires
- Le Malheur des autres
- Leurs Histoires
- Cent mille fois par jour
- Fractures
- L’Incendie
- Cette somme de problèmes
- Civitas
- Ceux qui restent
- Omayra
Bandcamp : http://nesseria.bandcamp.com/album/fractures
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