De New York, Ron Jackson crée avec Akustik InventYours un album hors de temps en évitant deux périls majeurs : le brio technique et un bricolage world music. Tout demeure intime et feutré mais sans la moindre mièvrerie. Certes, les échos des affres de Brooklyn ne parviennent pas jusque dans cette musique. Elle garde néanmoins le sens du « growl ». L’album entraîne sur un tapis merveilleux sans escalades intempestives ou salades chromatiques. Il y a là, par effet d’aubades discrètes, un reste de nuit, une aube d’oreille que nous emporterons au bas de nos lits. Purement mono-instrumental, l’album s’écoute les yeux fermés. Le rêve s’y fait éveillé dans son « no man’s langue » si ce n’est celle d’une guitare ailée surgie des ténèbres qu’elle éclaire de ses échos.
Au sein d’un labyrinthe sonore se sniffe l’odeur de notes orphiques d’un terrestre hymen au sein même de la mégalopole. Ron Jackson, à coups de cordes vibrées, sonne à point nommé hors des trombes. Reste l’émotion déclinée selon divers rythmes mais en une unité de style et de « corps ». Tout est tamisé loin des tempêtes. S’invente à chaque titre une sonorité sourcière faite de milliers de « graines » qui ignorent le gros son. La musique file dans l’intimité et le frou-frou aussi Lou que Salomé. Fondée sur les pulsations légères et justes s’y intercalent des silences. Ils donnent plus de force à des échos libérés de tout effet de mode. Un monde qui semblait oublié accouche sous X : loin de la pompe et du brio restent les tourbillons acoustiques. Ils tentent de convaincre un monde incrédule que le cauchemar peut se couper court. Preuve une fois de plus que la musique adoucit les mœurs en transportant vers des frontières d’azur. Même sur Brooklyn.
Thanks for the great review!