Peter Murphy – Lion (2014 – Loma Vista/Nettwerk Records) « Le webzine des Immortels

Peter Murphy – Lion (2014 – Loma Vista/Nettwerk Records)

Par Killer Queen Vendredi 27 juin 2014

Peter Murphy est un être paradoxal qui réussit à être une figure quasiment messianique pour tellement de personnes tout en étant absolument inconnu de ce que l’on appelle communément le grand public. Et pourtant…

Peter Murphy, anglais raffiné, est, avec Daniel Ash, l’âme de Bauhaus, plus ou moins premier groupe de cette vague goth dans ce qu’elle a eu et aura toujours de meilleur.

Une légende, en somme, à la voix envoûtante, aux yeux clairs, à la peau burinée par les ans et les excès, qui sort aujourd’hui son neuvième album solo. Évidemment, le jeu de mots est facile, mais il faut bien reconnaître que pour Lion, Peter Murphy rugit encore et plus fort que jamais. Produit par Youth (Martin Glover, bassiste de Killing Joke) et vendu sur la plate-forme directe PledgeMusic, ce nouvel opus évite l’écueil du bilan facile qui s’essouffle, faute d’avoir encore des choses à prouver.

En effet, cet album, excessivement construit et bien construit, s’articule autour de trois morceaux lancinants (« Hang Up », « The Rose » et « Loctaine ») qui marquent le début, le milieu et la fin d’une histoire qui semble être à la fois ici et ailleurs, comme à mi-chemin entre la froideur gothique et la chaleur de sons très contemporains, entre le Royaume-Uni d’où Peter Murphy est originaire et la Turquie où il vit depuis vingt ans avec sa femme à qui l’album est dédié. Cette Turquie, si chère à son cœur, que l’on entend en fond, comme emportée au loin par le vent, dans « I Am My Own Name » que l’on pourrait pratiquement traduire en français par « C’est qui le patron ? » tant il s’agit là d’un monument de bravoure tout en force.

Et entre ces repères d’étape, on savoure tant les morceaux à l’ancienne comme « Eliza » ou l’épique « Holy Clown » que les accents électro de « The Ghost of Shokan Lake ».

S’il apparaît d’abord comme un paradoxe ultime que d’avoir choisi le lion, cet animal des pays chauds pour donner le titre d’un album à l’esthétisme glacé, force est de constater l’évidence face aux sons taillés près du corps souple et de la voix charismatique de Peter Murphy : Lion… comme le Roi.