Dès lors qu’une œuvre s’inscrit dans le champ lexical de l’utopie, il est bien difficile de ne pas penser à Thomas More et à son ‘lieu du bonheur’. Et qu’est-ce-qu’une utopie pour une formation musicale post-rock ? Peut-être un espace tel que mis en note et en page par Utopium.
Il s’agit sans doute d’un espace restant à découvrir. Délicat mais non fragile, fort mais sans emportement. Profond mais non obscur. Un lieu à synthétiser à partir de minerai glanés, tellement divers qu’une vie pourrait sembler ne pas y suffire. Ce territoire peut être l’écho d’une flamboyance à la Smashing Pumpkins des grands jours mais sous un versant apaisé (« Above the world »), ses cieux des notes égrainées au gré du vent sans clameur vocale pour les pousser (« Cloudy34″). Et toujours une invitation résiduelle à l’exploration.
Le qualificatif de ‘post’ quelque chose renvoie toujours à un ailleurs, un dépassement des cadres existants, et ici ne sera pas fait exception à la règle. Mais les tempi peuvent être plus lents à certains instants que d’autres, invitant ainsi à la rêverie plus qu’à la traque (« Volumen »). Et c’est bel et ben cette impression d’extranéité, d’ailleurs qui persiste. Les notes se portent là où elles n’étaient pas attendues, mais s’avèrent être à leur place. C’est une étrange sensation que de devoir évoquer cette expérience, souvent portée par l’ineffable, le ressenti brut, loin des schémas plus accessibles. S’il fallait comparer à une action, ce serait de l’orpaillage. L’écoute n’est pas forcément accessible de prime abord, il convient d’ajouter son propre fluide musical pour révéler les pépites. Les premiers essais ne sont pas toujours fructueux, il est difficile de dire si ce qu’on obtient au final est un métal précieux ou non. Mais le plus important reste la sensation de vivre une expérience précieuse.
- Now it exists
- Above the world
- Autumn in Bangkok
- Cloudy34
- Chase them out
- Stardust
- Lost in the cyberspace
- Volumen
- In a heartbeat
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?