Arkan – Sofia (2014 – Season of Mist)

Hilal. Salam. Et maintenant Sofia. A peine sorti, le nouvel album d’Arkan se retrouve en ces pages. Et c’est une nouvelle fois une réussite. Circulez, il n’y a rien à voir.

Il n’y a rien à voir ? Déjà, l’artwork est empreint de profondeur et de force, ce qui n’est pas rien. Le reste n’est pas à regarder, mais à écouter. Arkan propose du métal oriental, sans que cette union sémantique ne soit de la simple juxtaposition. Il est en effet question de consubstantialité, d’essence, de substantifique moelle. Oud ou bouzouki ont autant leur place au sein de ce Sofia que les guitares saturées ou la batterie. Puissance et mélodie sont alliées pour renvoyer à des longitudes éloignées et perçues sous  un avatar quelque peu mystique.

Il ne s’agit pas d’une nouveauté, ces caractéristiques étant déjà présentes sur Hilal et accentuées sur Salam. Il convient de noter ici que la dimension mélodique est encore accentuée, sans que cela ne se réalise cependant au détriment de la force des compositions et des racines death de la formation. Les titres sont cependant ici empreints d’une mélancolie certaine, trouvant sa source hors du champ musical. Le fait que le chant saturé soit utilisé de manière plus parcimonieuse que par le passé renforce cette impression de voile venant en opposition avec l’ouverture constituée par les cieux et l’astre solaire.

Pour autant, Sofia ne s’abime nullement dans la complainte stérile. Le flux musical continue de s’écouler, emplissant l’espace de son atmosphère particulière. La dimension extrême de cet album est plus à rechercher dans l’introspection qu’elle évoque et peut susciter, bien plus que dans des éclats, déversoirs ou exutoires bruyants. La finesse, la justesse qui sont déployées sont trop rares pour être ignorées. Et Sofia est de ces albums dont on attend, dès leur sortie, leur suite avec impatience, tout en profitant de l’intervalle pour l’écouter à l’envi.

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