Le saxophoniste tenor Ivo Perelman est aussi prolifique – voire plus -  que l’était son illustre prédécesseur John Coltrane. Il a enregistré 15 albums en 3 ans. Le « comble » : aucun n’est anecdotique. Parmi eux Enigma fera son chemin car il reste plutôt d’accès aisé pour le plus grand nombre. L’intérêt vient aussi de la présence de deux batteurs d’exception : Whit Dickey et Gerald Cleaver. L’ensemble et sulfureux et empêche de tourner en rond. Chaque titre reste en tension soutenue et provoque de façon foisonnante mais sans agressivité une jungle sonore.

L’album permet en plus d’apprécier le talent des quatre protagonistes selon les phases d’un album dont l’écoute ouvre à des plaisirs insoupçonnés et parfois inattendus aussi exubérants que soyeux sous la peau des orages comme dans le ventre en gargouille sous le presque silence. Tout part de très loin dans cette recherche faite de cassures et de mélodies dont le résultat est toujours surprenant. Comme dans ceux qui le précèdent, avec Enigma  la musique de Perelman reste un corps composite : chaque titre possède une chair étrange et inattendue aux structures complexes et impertinentes.