La poésie volontairement minimaliste et littérale de Houellebecq trouve dans la musique d’Aubert un écho particulier et a priori inattendu. Tout pouvait opposer les deux protagonistes – comme ce fut déjà le cas pour Eicher et Djian il y a une vingtaine d’années. Aubert y gagne en force narrative et Houellebecq trouve là des tonalités que ses textes n’ouvraient pas a priori. D’où la surprise intéressante d’un ensemble qui joue de l’immédiateté de la musique très main-street et de l’aridité d’une poésie sans lyrisme. Preuve que trop souvent on demande trop peu à la poésie comme à la « chansonnette ».
Les compositions d’Aubert rassemblent des « lambeaux versifiés » que beaucoup de critiques ont voulu exclure de leur playlist car les arpents du musicien ne portent pas vers une abstraction électro où le premier album de Houellebecq (plus ambitieux) menait. Aubert tire l’auteur vers l’harmonie et celui-là se laisse faire non sans complaisance (ou indifférence ?) un peu douteuse. Les arrangements édulcorent les aspects les plus gris des textes en les sucrant sans merci. Certes, par cette approche « désappropriante », la musique ne singe pas l’intimité et la vision existentielle délétère de Houellebecq.
La trahit-elle pas pour autant ? C’est question d’émotion personnelle. Chacun des deux protagonistes garde ici son univers, sa langue, sa marque de fabrique, sa colorature. Il y a belle lurette que cette dernière chez Aubert est portée vers le romantisme doucereux qu’un post-punk. Nous le trouverions plus en phase avec les propos de l’écrivain.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?