Pour leur deuxième album, Bicephaale, les lyonnais de Neige Morte remobilisent leur black metal expérimental. Avec un peu de doom putrescent et du drone rouillé. De par leur nom, l’ensemble ne peut qu’être froid et peu vivant. S’il ‘semble que la misère serait moins pénible au soleil’, il pourrait en aller de même avec les maux de l’esprit.
Enfin, esprit mais pas que. En effet, la dimension viscérale est consubstantielle du genre, qui se doit de prendre aux tripes tout autant qu’il bouscule l’âme. En l’espèce, la sensation d’ensemble est celle d’un monceau de tripaille répandu à même le sol, oublié quelques temps, puis retrouvé pour mieux s’en saisir, s’en imprégner ou le lancer joyeusement malicieusement avec détermination à la face de son prochain. La déconstruction des structures, les borborygmes et autres hurlements, les tonalités employées évoquent un état humain autre. Lorgnant du côté animal tout comme de quelque chose qui ne saurait être gouverné par des lois naturelles, l’écoute perturbe, heurte, dérange. Rien que de très normal au vu du créneau musical adopté.
Sauf que oui et non. Certes, tout musicien s’aventurant dans les contrées froides et menaçantes du black metal est sans doute animé quelque part par le désir de faire réagir, de bousculer. Mais peu griffent jusqu’au sang les contours du genre pour mieux les déformer et les repousser. On est par exemple ici loin d’Immortal et de ses constructions balisées. Foin de château fort, il est plus question ici d’une hutte hérissée de pieux plantés çà et là, sans ordre apparent. Pour autant, la défense et par extension la puissance musicale dégagée, n’en est pas moindre.
- 500 jours de haine
- Death shall have no dominion
- Eaters of worlds
- Plénitude…
- … et vacuité du combat
- Eater of soul
Site : http://www.neigemorte.com/
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?