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Wovenhand – Refractory Obdurate (2014 – Glitterhouse)

 Après la disparition de 16 Horsepower, David Eugene Edwards a publié sept albums avec Wovenhand. Le post-rock – quelque peu punk et gothique pour certains accents -  trouve là des accents sombres mais vibrants. Aux mélodies capables d’imposer une atmosphère cérémonielle se mêlent des recherches sonores psychés de belles envergures (dans « Corsican Clip » par exemple). La voix d’Edwards donne toute sa puissance à ses propres compositions et lyriques. Dans une ambiance épique (en rien pompeuse et claironnante mais ample juste ce qu’il faut) l’album avance avec gravité dans la brume qu’il éclaire. Existe là un perpétuel élan. Il ne s’embourbe jamais. Au contraire il entre dans un ciel sombre où des oiseaux ivres volent animés d’une invisible colère.

Entre noirceur et clarté  la tension demeure constante. Chaque titre peut sembler manquer d’espoir, néanmoins la vie est là, primitive et violente. Elle vibre dans des cérémonies délétères mais charpentées, en prise directe sur une forme de liberté espérée. La nostalgie s’y estompe au profit d’un voyage au jugé : c’est prenant et réussi. Un déluge reste latent et habilement contenu. La musique court à travers le verbe, comme le verbe parcourt les lignes mélodiques, fleurs sonores habillées de coupes et de pièges. Elles laissent jaillir parfois un flot inattendu comme par une porte secrète : aux orgues taciturnes font place des spirales électriques. Le réel n’y pèse pas plus qu’une plume au sein des avalanches rythmiques solidement marqués par la basse de Pascal Humbert et les drums de Jean-Yves Tola.  Dans chaque morceau un tapis volant s’étend avec un ballant d’élégance. Il passe du ballast des chambres par une fenêtre pour se perdre au ponant. C’est super et convaincant.

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  1. Marcelle on Lundi 28 avril 2014

    Que d’envolées lyriques dans ce papier, que de phrases et de mots magnifiques pour caractériser le rock certes habité mais sans concessions (sur les 2 derniers albums en tout cas) de DEE. Mais avant d’écrire, il me parait important de s’informer, car Jean Yves Tola et Pascal Humbert ont quitté l’aventure Wovenhand depuis 2 albums déjà!
    Pourquoi ne pas plutôt parler du tournant flagrant qu’a prit DEE depuis ces 2 albums, du son difficile à l’écoute (noyé dans les basses et la reverb pour l’avant dernier « The laughing stalk » , et des fréquences aigues curieuses dans le mix de ce dernier album)?
    Fan de la 1ere heure de DEE (je le suis toujours) j’ai un peu le sentiment qu’il oriente sa musique pour le marché américain ( lui qui se vend plutôt en Europe) avec ce nouveau gros son, peut être que je me trompe et que c’est juste une question artistique, et que ça ne se discute pas, on aime ou pas.
    Bon, ça ne m’empêchera pas d’aller le voir en concert le 30 mai, je dirai même que j’attend ça avec impatience et que ça reste une sacrée (c’est le cas de le dire) bête de scène.