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Lausanne Underground Film Music Festival (16-20 octobre) : sécrétions electro et bruitisme punk

La programmation de ce festival unique en son genre est fondée sur le concept d’accident décliné de diverses manières et rejette tous les poncifs. Films et musiques retenus se doivent de blesser l’individu et/ou la société. En conséquence, elle lutte aussi contre les censures étatiques ou médiatiques. Ces dernières jettent au rebut ces diamants bruts d’avenir qu’ils ne peuvent tailler et enfermer dans les écrins officiels. « Lausanne Underground » aligne cette année 98 films et 28 concerts et performances. Côté cinéma, l’artiste punk Jello Biafra sera un curateur intempestif. Suivra la présentation du réalisateur nippon Katsu Kanai, figure majeure de la Nouvelle Vague japonaise. Des zombies nazis des studios Eurociné feront l’objet d’un documentaire et d’une nuit spéciale de projection dans un bain de vérisme mâtiné de dérision.

En matière de sons le festival laissera la meilleure part au bruit. Et ce en écho à la célébration du centenaire du manifeste de L’Art des Bruits du futuriste Luigi Russolo. Avec des performances et les engrenages du lausannois Kiko C. Esseiva le noisy trouvera une dimension peu commune.
Faussement monumentales, ses structures sonores comme ses performances demeurent volcaniques, exaltées. Surgissent ça et là des ascensions et des délires coupés de déchirements. Kiko C. Esseiva n’esquive jamais la recherche d’un paroxysme afin d’incarner « bruitistement » une poésie dans laquelle l’imaginaire sonore trouve des suppléments d’énergie sans souci des règles, canons, tuyaux, talismans qui protègent de la peste du bruit. Digne fils d’un autre artiste suisse – Tinguely – . Kiko C. Esseira transpose ses recherches plastiques dans la musique à coup de machines délirantes et célibataires.

Côté « sécrétions » coulent sur le berges de Léman les fluides hard d’Evil Moisture. Venue de tous les coins du monde, la rage est en conséquence au rendez-vous. Avec Yan Jun elle sort de la Chine. Porteur d’une parole et d’une musique tranchantes, l’artiste reste l’exemple parfait d’une scène expérimentale. Elle fouille les décombres et les surplus des productions industrielles occidentales. Enfin les expérimentations poético-visuelles de F.J. Ossang croisent des considérations sur la musique environnementale et cybernétique en rapport avec les théorisations musicologiques et vidéographiques contemporaines. Un tel programme permet donc de prendre acte de la transformation totale des systèmes de communication et des arts. Proche du naufrage de la mondialisation artistique cette éruption permet moins de l’anticiper que de le faire reculer. A bon entendeur (et voyeur) bienvenue !

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  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?