Après un très bon EP Severance sorti en 2009, et un surprenant premier album Blind Scenes en 2011, Soror Dolorosa s’affranchit de l’image du « jeune groupe prometteur » avec son second album No More Heroes. Référence directe à l’album du même nom des Stranglers.
Et ce n’est pas la seule référence qui vient à l’esprit… On pense tour à tour à Bowie, The Cure, mais aussi à Fields of the Nephilim ou encore à The Sisters Of Mercy. Pour autant ce disque n’est pas un pot-pourri sans âme et sans originalité. Au contraire, il domine ses influences, les maîtrise et les assembls pour donner naissance à un style immédiatement reconnaissable. Ce mélange de cold-wave et de gothic rock est terriblement sincère, la sensibilité à fleur de peau qui s’en dégage est un véritable bonheur.
Peut être parce qu’en parallèle des artistes auto-proclamés, artisans du néant, viennent remplir de vide une scène underground sursaturée… mais cela n’engage que moi.
Heureusement qu’il reste des groupes qui manient la mélancolie, la joie, la tristesse. Comme un instantané de vie, capturé dans l’ambiance suave d’un studio, le temps d’un enregistrement. Enregistrement qui n’a d’ailleurs pas été évident, on sait que le groupe a changé de guitariste un peu au dernier moment. Mais cela n’affecte en rien les compositions. Loin de là, les portes de la perceptions s’ouvrent un petit peu plus grâce au talent de Franck Ligabue. Un multi-instrumentiste terriblement efficace. Cela se sent véritablement sur « Silver Square » ou encore « Exodus ». La rythmique très pêchue qui s’en dégage contraste avec d’autres morceaux, plus lourds, ou au contraire plus aériens. Mais je vais y revenir.
Andy Julia de son coté atteint la quintessence de son art. Ses parties sont admirablement placées, il n’y aucun faux pas. Il devient clair qu’en plus d’être un excellent photographe c’est un remarquable chanteur. Sa voix explore différents registres, toujours pleine d’émotion – sans jamais surjouer.
C’est le tour de force de cet album. Il donne l’impression qu’au final, il n’est pas si difficile d’atteindre une alchimie parfaite. C’est presque avec une certaine nonchalance que les morceaux s’égrainent, sans qu’on sache dire lequel est le meilleur. C’est à l’écoute d’ « Hologram » qu’on réalise que la beauté de cet album est vraiment d’un autre monde. Comme s’il était issu d’un film de David Lynch. Ce morceau très lent est un peu à part, Andy y chante d’ailleurs d’une voix beaucoup plus grave. Et puisque je parlais de Lynch, on n’est au final pas si loin de ce que le réalisateur a fait pour Blue Bob, sa première incursion dans le monde de la musique.
Après avoir visité les profondeurs, le groupe repasse à la lumière et nous fait explorer d’autres sensations. Les lignes de basse tressautent et font bien plus que de la figuration. En plus de soutenir les morceaux, elles apportent une atmosphère toute en rondeur. Les guitares quant à elles sont implacables, tout en étant d’une variété déconcertante. Le son analogique n’est d’ailleurs pas étranger à l’ambiance si particulière de cet album. Il s’en dégage une chaleur incroyable, vraiment flatteur pour l’oreille. Les compositions sont véritablement sublimées par la justesse de la production. De plus le groupa a porté son univers dans le monde la vidéo, avec un clip de toute beauté. La démarche est totale, rien n’est laissé au hasard.
Alors certes, les héros ne sont plus. Mais être intime avec la mort donne du crédit à la vie.
Clip de Hologram : https://www.youtube.com/watch?v=I9AQ-6RAaoc
Site web : http://www.sorordolorosa.com/
01 – Silver Square
02 – Sound & Death
03 – Dany
04 – The Figure of The Night
05 – Hologram
06 – Motherland
07 – Wormhole
08 – A Dead Yesterday
09 – Exodus
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?