La diversité même de cet album live de Ry Cooder fait son unité. Le style du chanteur et guitariste la révèle. Le créateur y apparaît tel qu’en lui-même. A savoir tel qu’on l’avait oublié tant dans sa production et participation à Compagnie Secundo et aux airs immortels et instrumentaux de Paris Texas. Sortant de l’ « emprise » de Wim Wenders l’artiste ne recherche ici aucune expérimentation. Reprenant des morceaux de ses albums successifs et proposant de nouveaux morceaux (pas forcément les plus réussis), Ry Cooder est ici plus jeune que jamais et bourré d’une énergie partagée par ceux qui l’entoure ici : l’ensemble Corridos Famosos, avec Joachim Cooder à la batterie, Robert Francis à la basse, Terry Evans, Arnold McCuller et Juliette Commagère aux chœurs, Flaco Jimenez à l’accordéon et les dix musiciens de l’ensemble de cuivres mexicain La Banda Juvenil.

Sans masque, la multiplicité des facettes de l’artiste prend toute son ampleur : valses americana, blues poétiques avec quelques relents discrets ou éclatants venus du Mexique surgit toute la singularité du songwriter qu’on n’avait plus entendu en live depuis 35 ans. La voix est devenue plus grave , elle porte le panthéisme de l’artiste qui pour le sublimer a su parfaitement s’entourer. Entre sagesse et jeunesse l’album est parfaitement réussi. L’émotion et la joie des spectateurs du Great American Music Hall de San Francisco passe dans une production qui ne dépersonnalise en rien le show. On croit y être, on adhère à un concert qui passant par le passé projette vers un avenir ouvert. Ry Cooder s’y répand sans regret ou nostalgie, il est en rien l’ombre présente d’une présence perdue. L’album devient un rêve tardif où l’essentiel est ce que la musique donne de sensations immédiates.