Tout ce qui est attendu, guetté, espéré dans l’éponyme NYPC est parfois atteint. Mais parfois aussi tout reste volontairement perdu, retiré. L’album possède donc quelque chose de précaire et – paradoxalement – d’une insoutenable douceur là où l’univers musical prévisible s’abîme. Tahita Bulmer (la chanteuse) et Andy Spence (multi-instrumentiste) après deux albums signés New Young Pony Club sont donc revenus tels qu’en eux-mêmes sous le nom de NYPC . Pour qui aime la musique pop sophistiquée, minimaliste et expérimentale tout en demeurant « easy listening », c’est un délice. Chaque titre fait autant masse que charge et chant. De l’espace sonore « paysager » émane un empire mental.

L’album permet d’imaginer bien des horizons d’un nouveau genre. On cherche leurs traces, leurs indices tout en sachant que leur rencontre est impossible et – bien sûr – leur seuil infranchissable. Mais le plaisir de l’album tient à ce nécessaire écart. Il faut compter avec les gouffres qu’ils creusent. Avec eux le début n’est jamais fini et jamais n’est close l’histoire d’une pop revue et corrigée. D’autant que NYPC reste à l’écoute des ensevelissements du silence. Ce dernier est peuplé de « contraintes » où la notion de minimalisme est poussée parfois à ce qui lui semble inconciliable : une sorte de paroxysme, d’exagération programmée. Mais l’authenticité d’un tel projet tient à cette audace. Y affleure l’écume parfois d’une crudité, parfois de son embellie. Pour qui cherche un assouvissement sommaire un tel album reste trop chargé de miasmes. Mais qui aime la pop ambitieuse trouve là une poésie sonore que cultive un sens du rite et une perversité assumée.

Sortie de l’album le 14 octobre 2013 – single « Hard knocks » en libre téléchargement