Zola Jesus – Versions (2013 – Sacred Bones/Differ-Ant)

Au terme de la tournée mondiale de l’album Conatus, Nika Roza Danilova (Zola Jesus) est invitée à jouer au musée Guggenheim à New York. Elle saute sur cette occasion afin de travailler avec un compositeur classique afin d’arranger ses morceaux pour quartet. Elle recrute aussi JG Thirlwell (aka Fœtus), un des pionniers de la musique industrielle new yorkaise du début des années 80, qui au travers de ses différents projets (Manorexia, Steroid Maximus, Wiseblood ou encore les BO pour la série Adult Swim) reste très identifiable musicalement avec son approche cinématographique, intense et dramatique de la composition. Cette rencontre renverse sa vie d’artiste et elle devient une voyageuse musicale.

Pour avoir travaillé avec des big-bands et participé à des projets qui passent du noise-rock à l’électronique abstrait et flirtent au besoin avec la musique de chambre, Thirlwell devient le collaborateur idéal pour Zola Jesus. Sur Versions, ils reprennent les approximations des albums passés, reconstruisent les morceaux en écartant les éléments électroniques qui structuraient les premières versions. Les titres s’allègent, ils deviennent des baisers lancés vers un plus large public que celui des tribus techno-pop / industrielle.

Plus libre l’artiste trouve désormais une sorte de vitalité qui balance de Chopin à la musique la plus contemporaine. Il y a là une suite de bousculades des conventions esthétiques, une subversion du binôme chant orchestration. L’ensemble est ambitieux et sans provocation. Zola Jesus reste sur le fil d’un espace musical péri-pop qui la dégage des productions banales. Emane parfois une mélancolie qui semble traverser l’Atlantique pour caresser les côtes de New York. La chanteuse est prête à couper des cœurs. Mais l’ensemble reste moins saignant que – si l’on peut dire – romantique.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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