Au lendemain de l’impitoyable cérémonie païenne commémorée sous le nom bien improbable de « fête de la musique », il y eut à la Flèche d’Or une autre célébration du bruit, mais d’un goût nettement plus sûr. En effet, le Festival de la musique électro-industrielle s’y tenait, et a pu régaler une assistance d’abord clairsemée puis un peu plus conséquente (probablement pas assez, cependant…) mais toujours enthousiaste avec de la déviance sonore vrillant délicieusement les oreilles.
Ce fut à 2kilos &More &Black Sifichi d’entamer les hostilités ; de manière assez logique sans doute, leur performance étant de loin la plus calme, voire (osons le terme hérétique) mélodique, de la programmation. Ce fut musicalement irréprochable, l’indus trippant et léché du duo étant ponctué par un spoken word revendicatif assez charismatique. Un regret, cependant : la lumière pénétrant encore dans la salle gâcha les projections vidéos accompagnant le set (les artistes jouant derrière une toile translucide)…
Très courte pause, et Oyaarss monta sur scène, pour une déconcertante prestation nettement plus noisy, parfois séduisante dans ses déluges rythmiques, mais pour le moins spéciale, du fait du très grand nombre de breaks assez improbables la caractérisant. Une musique difficile, qui n’a pas vraiment convaincu votre serviteur.
Il en est allé tout autrement pour l’excellente performance livrée par Techdiff, entamant son set par un dubstep riche de basses énormes, et finissant carrément hardcore, en passant par un ébouriffant breakcore. Le musicien anglais n’a pas eu de mal à convaincre le public de se trémousser sur ses rythmiques furibondes du meilleur effet. Un très grand moment.
Place ensuite à la drum’n’bass excitée de Needle Sharing. Ce set peut-être plus ouvertement industriel fut à n’en pas douter très efficace, et l’assistance déjà chauffée par le précédent artiste continua de danser jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cependant, à l’opposé de celle d’Oyaarss, la musique de Needle Sharing donne une vague impression de « facilité », surtout après l’autrement plus subtil Techdiff… et, très accessoirement, ça se voit quand même un peu que le monsieur ne fait pas grand-chose derrière son laptop.
Cela dit, la question ne se posa même pas pour Dive, qui ne chercha pas un seul instant à produire l’illusion : Dirk Ivens lance ses boucles assassines et chante ou braille par-dessus, malmenant son pied de micro et parcourant de long en large la scène saturée de stroboscope. Dit comme ça, ce n’est peut-être pas très séduisant, mais ne vous y trompez pas : l’excellence de cet indus plus « old school » (parfois typé EBM) et le charisme du monsieur sont indéniables, et ce fut à nouveau un très grand moment.
Après quoi Julien Sylvgheist, annoncé comme DJ, a finalement donné un live sous son nom de Sylvgheist Maelström. Il y eut également un DJ set de DDP (mais pas d’Artof Kore, malade). [Edit : merci à DDP pour ces précisions.]«
Au final, quand bien même tout ne fut pas parfait, le bilan de cette fête de la musique « autre » fut très certainement positif. Une chouette soirée, balayant un large spectre de la musique électronique extrême pour le plus grand plaisir d’une audience très réceptive. Espérons que l’aventure se poursuive.
Photographies par Bertrand Robion – http://www.flickr.com/photos/bertrandrobion
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?