Fauve – Clock’n Clouds (2013 / Two Gentlemen)

Il ne faut pas confondre Fauve et Fauve (le groupe). Le premier est suisse. Il est à l’opposé de la violence des seconds. La pop est délicieusement languissante et d’une extrême sophistication dans la droite ligne du label de Lausanne Two Gentlemen et de sa directrice : Sophie Hunger. A l’ombre d’un New York fantasmé, Fauve propose une suite de dérives subtiles et colorées dans l’épaisseur néanmoins diaphane de titres tels que Señor Citizen ou Be Kind, Don’t Rewind. Poussant la radicalité sans affèteries, le Fauve helvète reste dans les douceurs. Mais qu’on se méfie : sa musique n’a rien de sirupeuse et garde bien des griffes.

Elle devient une sorte de médium subconscient. Pour cela, Fauve débarrasse ses créations de tout superflu. L’objectif est d’atteindre la sensation pure : une sensation « nuage » plus que physique. Là n’est pas le moindre paradoxe pour celui dont la musique reste pour certains difficile d’accès. Ce qui peut sembler un comble. Sous l’apparence « monocolore » surgissent des circonvolutions à peine audibles, de petits incidents et accrocs de parcours dans la texture monocolore. Elles sont audibles presque plus par instinct que par perception consciente. Les synapses prises dans une sorte de narcose roulent sur elles-mêmes afin d’en prendre délicieusement pour leur grade. Mais c’est là le prix à payer pour entendre justement ce qui devient une sorte de filigrane musical éloigné de toute bourre sonore. Passer à côté d’une telle œuvre reviendrait à rater un créateur original qui s’intéresse à la musique sourde et sans doute primitive d’un futur que par essence Fauve ne connaît pas mais contribue à défricher et déchiffrer

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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