Une bien belle affiche pour cette Villette Sonique, sans doute à vrai dire le point d’orgue du festival. Neurosis avait en effet emmené dans ses bagages les Swans et les Master Musicians Of Bukkake, ce qui promettait une longue soirée de musique expérimentale et bruitiste, post-ce que vous voulez, où le rock fusionne avec le metal pour le plus grand bonheur des oreilles déviantes.
Petite mise en bouche (et surprise) avec le projet Black Mass Rising de Randall Dunn et Shazulla. Un bref set d’électronique psychédélique lorgnant sur l’ambiant, accompagné d’une projection du plus bel effet. Pas mal du tout.
Puis les Master Musicians Of Bukkake sont montés sur scène, et ont d’emblée fait forte impression avec leurs costumes improbables (le chanteur notamment, avec sa tête de cerf…) et leur musique qui l’est tout autant. Un concert hypnotique et lancinant, mais aussi plein d’humour, qui n’a pas manqué de convaincre une assistance scotchée par le spectacle. Les Maîtres n’ont peut-être pas le prestige des Swans ou de Neurosis, mais ils ont livré une prestation parfaite, et, rétrospectivement, peut-être la meilleure de la soirée.
Ce fut alors le tour des Swans, emmenés par un Michael Gira plutôt grognon (et pour tout dire assez antipathique…), de monter sur scène, en pleine lumière et compressés les uns sur les autres. Dur challenge que de rendre en live toute la puissance d’une longue et géniale carrière couronnée par le monumental The Seer, dont on ne dira jamais assez de bien. La musique des Swans, ce soir-là, fut orientée sur la répétition (jusqu’à l’abus, à vrai dire) de schémas relativement basiques. Un bon concert, mais votre serviteur n’a pu s’empêcher de ressentir tout de même une légère déception devant ce qu’il supposait constituer le clou de la soirée…
Et Neurosis, donc, de conclure, avec un set largement plus énervé que leurs albums (mais pas trop non plus, n’exagérons rien). Après le spectacle autiste des Swans, leur metal noir et lourd (sous haute influence de la bande à Gira, d’ailleurs) a nécessairement bien fonctionné. Un concert des plus corrects, mais qui, là encore, n’était peut-être pas tout à fait à la hauteur des attentes des fans par cette affiche alléchés, et qui pouvaient légitimement supposer plus d’âme et d’intensité à la prestation finalement très « professionnelle » de Neurosis.
Qu’on ne s’y trompe pas : en sortant, votre serviteur était conquis par l’ensemble des groupes. Mais, rétrospectivement, ce sont les rigolards Master Musicians Of Bukkake qui ont remporté la palme, plutôt que les Swans et Neurosis aussi dépressifs que leur musique. Bilan en demi-teinte, donc ; mais ce fut néanmoins une expérience à vivre.
NB : les concerts des Master Musicians Of Bukkake et de Neurosis ont été filmés.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?