Nourri de toute l’histoire de la pop culture, The Airplane possède à un haut niveau les qualités d’un authentique groupe rock : technique, feeling, inventions mélodique et rythmique. Le quatuor parisien a su incorporer dans son langage chargé de la tradition psychédéliques des années 7O et du groove trip-hop des années 90 toutes les avancées des styles qui ont suivi. D’où un album plutôt réussi. Certes sans surprise mais convaincant par les rêveries plânantes et les cheminements de rock progressif qui se mélangent. Derrière chaque moment d’effusion par les temps d’apaisement le réel se transforme jusqu’à lancer l’auditeur vers le fantastique où une ronde inquiétante dans laquelle la voix d’Arthur Gamblin paraît une des plus intéressantes de la musique pop du moment. Elle donne la juste consistance à un ensemble limpide, prégnant et parfois subtile qui invite au recueillement.
Le groupe crée des séries de caresses insidieuses. Surgissent des plaisirs sucrés-salés dont la proximité demeure presque infranchissable tant le registre est assez dérangeant là où The Airplane semble créer un pont particulier entre le premier Genesis et le dernier Massive Attack, le tout repris dans une rythmique fait d’échos de sons ajoutés habilement dans une propension certes psyché mais qui peut rappeler parfois un bruitisme à la Tarwater ou Scanner. Certes, la batterie d’Alex Montagne n’est pas toujours au niveau de l’ensemble. Elle est volontairement ou non modeste. Mais la basse de Grégoire Vo vient la soutenir habilement. On pourrait dire que tout cela n’est qu’un détail. Mais la musique n’est qu’une succession de détails. Ne pas y entrer même lorsqu’ils paraissent discutables c’est ne pas vraiment entrer dans une écoute attentive. Bref ce serait superficiel, douteux et surtout du gâchis.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?