Amon Tobin ISAM 2.0 @ Grande Halle de La Villette, Paris – 13/03/2013
Amon Tobin fait partie de ces artistes d’exception qui savent toucher un large public sans pour autant se compromettre. Sa musique n’a en effet jamais été à proprement parler « facile », et son (excellent) dernier album ISAM a même probablement franchi un pas de plus dans la direction de l’hermétisme, privilégiant la recherche sonore plutôt que les rythmiques débridées des origines. Mais peu importe : Amon Tobin reste malgré tout fédérateur, et il y avait du monde, ce soir-là, pour célébrer la grande messe électronique, pour une dernière date en France après une tournée mondiale à guichets fermés.
Il faut dire que notre ninja préféré a su monter un spectacle exceptionnel. Ne vous attendez pas, avec ISAM 2.0, à la mise en scène façon « performance » d’un énième DJ se contentant de s’exciter avec plus ou moins de sincérité sur ses machines devant un parterre certes conquis par la musique, et qui en prend plein les oreilles, mais qui n’a guère de quoi se rincer les yeux. Bien au contraire, Amon Tobin ne se montre presque pas, enfermé qu’il est dans sa cage, à peine entraperçu entre deux fulgurances visuelles.
Car fulgurances il y a, dans cet immense décor 3D, assemblage cubique propice aux plus folles expérimentations de mapping vidéo (sous la houlette du directeur artistique Alex Lazarus). D’impressionnants projecteurs balaient en effet la scène, créant, parallèlement à la musique du Maître, une authentique épopée visuelle, dans une parfaite symbiose. Difficile de dire au juste à quoi on assiste, tant l’abstraction domine ; mais une chose est sûre : c’est une vraie claque, assenée avec autant de force que de finesse, et qui a de quoi laisser pantois. ISAM 2.0, c’est ainsi une odyssée de l’espace, visuel et sonore, un trip psychédélique incomparable ; on relèvera notamment ces séquences exceptionnelles où la scène semble bondir sur le public, suscitant une immersion totale qui noue le ventre déjà passablement secoué par les basses vrombissantes du musicien d’origine brésilienne.
Périple science-fictif audacieux et inventif, ISAM 2.0 est un spectacle hors-normes, qui régale les yeux autant que les oreilles. Un seul bémol, si l’on ose : malgré les deux rappels (le premier assez dansant, le second plus expérimental), on n’est pas tout à fait rassasié au moment de quitter la salle, on en voudrait encore tellement c’est bon. Mais ne crachons pas dans la soupe : ce fut (relativement) bref, mais intense. Un type idéal du concert électronique, une preuve supplémentaire du génie, tant musical que scénique, d’Amon Tobin.
Crédits photo : Guillaume Martins
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