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Lustmord – Carbon/Core (2013 / Ant-zen)

En même temps qu’il rééditait The Place Where The Black Stars Hang, le label Ant-zen a également ressorti de tiroirs forcément poussiéreux et encombrés de toiles d’araignées un autre album majeur de Brian Williams, alias Lustmord, le pape (ou peut-être plutôt l’antipape…) du dark ambient.

Carbon/Core date de 2004 (la même année, Lustmord livre parallèlement sa très recommandable collaboration avec les Melvins, Pigs Of The Roman Empire). La genèse de cet album est pour le moins surprenante : il s’agissait en effet à l’origine d’une illustration sonore pour le site d’animation Happy Pencil, lequel, pour avoir un versant « dark », n’en est pas moins, en principe, plutôt humoristique. Or on n’a guère envie de rire à l’écoute de cet album stressant au possible, qu’on imagine plutôt accompagner un film ou un livre d’horreur (du Lovecraft, au hasard) particulièrement glauque…

Très différent – en ce qu’il est moins répétitif, notamment – de The Place Where The Black Stars Hang (dix années se sont écoulées), Carbon/Core est composé de cinq titres tournant chacun autour des dix minutes. Difficile, à vrai dire, de dégager un morceau du lot : l’album forme un tout et doit être écouté en tant que tel. Tout en structures, variations et reprises, Carbon/Core est une architecture (nécessairement cyclopéenne) ; on n’ira pas jusqu’à dire que tout s’effondre si l’on en retire une pièce, mais il y a de ça…

« Immersion » : la première piste donne le ton, toutefois. On se noie illico dans l’album, on étouffe, et on flippe sa race devant le danger toujours imminent, incarné par ces sons menaçants, soudaines explosions et crescendos hystériques brutalement interrompus. Un travail du son extraordinaire, une maîtrise de l’ambiance oppressante inégalée.

Et la suite de prolonger la délicieusement douloureuse expérience de cette brillante entrée en matière : « The Conflict Of Symbols » joue de cordes démentes, souffles angoissants et nappes éthérées ; « Beneath », spectral, de vrombissements chtoniens ; « Born Of Cold Light » glougloute tel un blob extra-dimensionnel vibrionnant, bruit perturbant des signaux dès lors indéchiffrables, jusqu’à ce que la lumière se fasse – toute relative – au travers de chants rituels ; « Sublimation », enfin, forcément sublime, reprend tout du début et achève de plonger l’auditeur terrifié six pieds sous terre – et il aime ça, le bougre.

Une réédition bienvenue, donc, pour un excellent album. Faites de beaux cauchemars…

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  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?