Le temps politique à l’oeuvre ces jours-ci voit de nombreux préjugés sortir du bois. Pour autant, le domaine sociétal n’est pas le seul dans lequel s’agitent les a priori de plus ou moins bon aloi. Les instruments de musique, en eux-mêmes, véhiculent certaines idées préconçues. Ainsi, la harpe, instrument majestueux, exigeant, délicat, consubstantiel à la musique classique.
Sauf que des contre-exemples existent bel et bien. L’album et l’EP de la Faunesse Mécanique étaient de ceux-là. Il en va de même avec Lidwine et son No Monkey. En sus de sa participation au projet The Rustle of the Stars, la dame mène également sa propre barque, ici traduite par un EP reprenant par ailleurs deux titres de son premier vaisseau, Lw. L’ensemble est ici acoustique et épuré, le chant étant accompagné d’une harpe ou d’un orgue, et a été enregistré de nuit dans l’église Saint-Merry, obtenant par là-même une profondeur et une réverbération particulières.
Le timbre de voix est cristallin et se conjugue de manière limpide avec les deux instruments. Ces derniers, pourtant véhicules d’une certaine ampleur, ne couvrent nullement le chant et permettent de créer une ambiance très épurée, froide mais lumineuse, un peu comme un matin de brouillard dans la campagne : s’il n’est pas forcément facile de savoir où l’on se trouve, cette vision renouvelée des paysages donne envie de s’y mouvoir et d’en découper des tranches avec une longue lame effilée afin de les conserver. Chant et instruments jouent à la fois le rôle de l’arme et sa victime, glissant le long des pistes. Et malgré la saison qui rend l’exercice peu aisé, l’écoute se révèle rafraîchissante, prompte à faire naître certains frissons le long d’une échine alanguie.
- The Coast
- Duet for ghost
- Back & forth
- No Monkey
- In the half-light
Site : http://www.lidwine.com/
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?