Jorane est de retour. Après un album de reprises et une pause bébés, la Québécoise pose un nouvel album. Depuis 1999, Jorane compose, écrit et interprète en français, en anglais et en vocalisations imaginaires, agite son violoncelle dans un univers particulier, unique, un ”Vent Fou” tourbillonnant, mêlant les genres entre voix cristalline et violoncelle vibrant.
Le nouvel opus, L’instant aimé, est placé sous le signe de l’apaisement, à l’image de cette couronne de fleurs champêtres tressées sur la pochette… Et c’est là que le bât blesse. En effet, nous avons été habitués à une Jorane moins légère, moins fleur bleue, plus tangible et passionnée. À l’exception du morceau ”Allégeance”, qui ouvre l’album comme une promesse sur un poème magnifique de René Char, et de la réinterprétation de l’un de ses tout premiers morceaux ”Monsieur Piment” comme conclusion ingénieuse, l’ensemble tombe malheureusement bien à plat. En
connaissant le soin que porte la Dame à peaufiner ses œuvres, on pourrait presque penser que ces points d’orgue placés stratégiquement sont justement là pour renforcer aux extrémités un Instant aimé un peu trop transparent. Deux reprises font leur apparition, un très terne et lénifiant ”J’ai demandé à la lune” d’Indochine et ”J’ai rencontré l’homme de ma vie” de Diane Dufresne qui perd ici tout son sel, lavé par une mélancolie plutôt incompréhensible. Les autres morceaux de l’album ont tendance à être plus racés et plus intéressants lorsqu’ils sont uniquement vocalisés, permettant à la voix de Jorane de prendre tout son sens. Mais quel dommage de répéter des boucles à l’infini sans décoller, trancher, ni mettre un grand coup d’archet là-dedans ! Les textes français qui illustrent les autres chansons sont ciselés et d’une belle poésie, mais hélas manquent de texture et sont lissés par un aplatissement des voix qui gâche l’ensemble en gommant une bonne partie de l’intensité dont est capable la belle Québécoise.
En somme, ce n’est pas du tout un mauvais album, mais le mieux est définitivement l’ennemi du bien, surtout quand il tente de dompter le vent de la liberté artistique.
- Allégeance
- Film V
- J’ai demandé à la lune
- Bouquet au cœur
- L’instant aimé
- J’ai rencontré l’homme de ma vie
- Ghost II
- Ma chambre
- Farfadet
- Mille miroirs
- Monsieur Piment
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