Il est tentant d’affirmer de manière péremptoire que Neil Young, ce canadien qualifié de ‘Loner’, ne fait rien comme tous les autres. Pourtant, en l’occurrence, il serait tout aussi facile de dire, une fois n’est pas coutume, qu’il joue la carte de la facilité en se fondant dans la masse. Un disque avec d’anciens comparses, 8 titres plus un remix, rien que de très habituel, limite formaté. Sauf que. sauf que les neuf morceaux tiennent sur deux CD et s’étalent sur plus d’une heure et demi. Et outre le fait qu’il s’agisse du deuxième album de l’année pour la formation après Americana, l’intérêt strictement commercial de l’affaire peut poser question, surtout dans nos contrées.
Mais 43 ans après leur premier album en commun, et 42 années après le mythique After the gold rush, l’association du Loner et du cheval fou a toujours un sens. Le canadien a écrit certaines de ses pages les plus fameuses avec ses comparses -oui, il est bien question de Rust never sleeps- et les chevauchées sont encore de mise. Certes, les connaisseurs seront en terrain connu, et la folk désabusée qui est ici déployée ne dénote pas avec les efforts précédents du père Young. Cependant, sans doute en raison de la durée importante de cet album, les compositions semblent disposer d’une amplitude renouvelée et évoquent immanquablement le défilement de paysages battus, dépouillés, écorchés par le temps et la rudesse du climat.
L’album, à l’image de son premier morceau, “Driftin’ back”, opère un retour en arrière, comme un bilan sur une existence bien remplie, mais sans sombrer dans la complainte. Si la guitare s’épanche, c’est de manière cinglante, comme un os se révèle au travers d’une fracture ou une larme glisse le long d’une pommette. Elle ne vise pas à inspirer de la tristesse ou de la pitié, mais simplement à poser une sensation, et libre à celui qui l’écoute de la prendre ou de la laisser de côté. Conjuguée au timbre particulier, hanté, résolu de Neil Young, les compositions poussent étrangement à la méditation, malgré la relative aridité de l’album. Il est difficile de se détacher de Psychedelic Pill, et le changement de disque est étrangement dérangeant, dans la mesure où il interrompt quelque chose. En cela, le lien avec le nom de l’ensemble est limpide : il y a un effet certain sur la psyché, et sans doute, l’intervalle de quelques minutes, une distorsion des sens et du fil des pensées.
Disque 1
- Driftin’ back
- Psychedelic pill
- Ramada Inn
- Born in Ontario
Disque 2
- Twisted road
- She’s always dancing
- For the love of man
- Walk like a giant
- Psychedelic Pill (alternate mix)
Site : http://www.neilyoung.com
Tu as raison. C’est un grand album de Neil Young. Son retour vers des racines est tout sauf passéiste.