Typiquement death metal àsces débuts à l’orée des années 90, My Dying Bride a créé un style fascinant et lourd d’émotions. Il s’imposera très vite dans le death doom avec un single culte “The Trash Of Naked Limbs”. Leurs deux premiers albums As The Flower Withers et Turn Loose The Swans sont considérés comme des must qui imposèrent le groupe comme un des trois fleurons incontournables (avec Anathema et Paradise Lost) du label Peaceville auquel le groupe est resté fidèle.
Noirceur et mélancolie sont à la base de l’univers poétique du groupe. La musique est gothic, death, black et fait alterner des passages lents et mélodiques et des morceaux rapides soulignés par un chant guttural et une tonalité des plus pesantes. Fasciné par l’histoire du Christ et de la Genèse, Aaron Stainthorpe, le chanteur leader du groupe trouve là une de ses sources essentielles d’inspiration/ Elle se mêle à l’idée d’un paradis irrémédiablement perdu. L’être y est dénudé avec toujours beaucoup d’émotion et un lyrisme – dans certains albums – surjoués.
Ce n’est pas le cas dans A Map Of All Our Failures. Le lyrisme du violon électrifié longtemps remisé s’y fait plus discret. Mais la déréliction reste omniprésente. On retrouve ici le virage opéré dès The Light At The End Of The World au début du millénaire vers les racines doom/death du groupe. Il garde dans ce dernier album toute son efficacité. Y alternent à nouveau des passages claviers qui permettent de souffler un peu. Aaron opte de plus en plus pour les effets lancinants aux cris gutturaux. Néanmoins le groupe garde sa poétique mélancolique et narrative. Cloches lugubres, riffs lourds ouvrent avec “Kneel ’till Doomsday” l’album avant que s’étende le chant plaintif de Aaron Stainthorpe et avant qu’il ne redevienne plus agressif. Preuve que le Death Metal est toujours vivant.
Le groupe le tempère cependant. Même dans des morceaux du genre tel que ”A Tapestry Scorned”, l’orgue modifie quelque peu et à bon escient le propos. L’ensemble garde une force mélodique et émotionnelle rare qui frôle ce tragique dont le groupe britannique demeure friand. Le doom reste prenant avec ses hurlements de guitares, le chant mélancolique et le violon qui de manière parcellaire crée une diversion – à moins qu’il n’enfonce le clou.
La monotonie n’est pas forcément absente. Mais il faut la comprendre comme volontaire chez ceux qui avec le temps et la maîtrise peuvent se permettre une telle digression qui ne sera prise pour intempestive que pour ceux qui ignorent l’esprit du groupe et du genre auquel le premier se consacre depuis près de 20 ans.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?