Un concert de Lee Fields est toujours aussi impressionnant et vaut – en moins d’ostentation et surtout de frime – ceux de celui dont l’artiste est proche par la voix et le style : James Brown. Certes il n’a jamais obtenu le succès de ce dernier en dépit de nombreux 45 tours publiés dans la décennie 70. Redécouvert il y a quelques années par le label Daptone, le crooner soul Lee Fields est revenu sur le devant de la scène par l’entremise, entre autres, du Dj-producteur Martin Solveig amateur de funk et de soul et à ses côtés pendant 6 ans, mais aussi Maroon 5, Wilco ou encore les Black Keys.
Let’s Get A Groove On et Problems sont restés inaperçus du grand public mais toujours accompagné de son orchestre The Expressions, les deux albums World (2009) et Faithful Man (2012) ont connus plus qu’un succès d’estime. Il est vrai qu’ils jouissent d’une production due à deux maîtres du genre : les producteurs et fondateurs de Truth & Soul, Jeff Silverman et Leon Michel. L’artiste propose une folk soul décalée sous inspiration world qui ne cesse d’évoluer vers des influences électro, reggae, soul, folk, tout en restant dans une configuration intimiste.
L’artiste reste la bête de scène qu’il fut dès ses débuts. Dès sa première représentation le soir même de son arrivée à New-York sans un sou en poche, le public fit pleuvoir sur lui les premiers dollars de sa jeune carrière. 45 ans plus tard celui qui a partagé la scène avec toutes les légendes noires 70-80 (Kool and the Gang, Sammy Gordon and the Hip-Huggers, O.V Wright, Darrell Banks et Little Royal) revisite donc de manière toujours aussi intense et fulgurante la musique noire du blues Deep-South au funk et même à la House avec le DJ/Producteur Martin Solveig.
Son concert est encore plus bluffant que son excellent Faithful Man. La voix rocailleuse mais tendre est en parfaite chimie avec le style soul que dégage The Expressions. Ajoutons que si le corps est là, l’âme est loin d’être absente. Il évoque par incidence sa foi et de sa fidélité maritale et leur difficulté de manière impressionnante. Pas étonnant que dans le monde entier les concertes sont à guichets fermés. A 61 ans, Lee Fields prouve une énergie rare et une émotion inégalée dans la recherche de la perfection vocale et scénique.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?