Qu’on se le dise, les anciens sont de retour. On a entendu, il y a quelques semaines, la voix mystique du légendaire Lee Scratch Perry se marier violemment au son torturé de The Orb. Mais aujourd’hui est un autre jour et une autre légende est revenue. Après plus de cinquante ans de carrière et de longues années d’absence, c’est U-Roy, alias Daddy U-Roy, alias The Originator, qui vient répandre sur les ondes modernes son amour du Roots. Entouré par quelques grands noms du reggae, de l’ancienne et de la nouvelle génération, U-Roy perpétue la tradition du toasting, omniprésent sur ce sound-system prestigieux grâce à son flot de parole reconnaissable entre mille.
Ce Pray Fi Di People est à la fois un disque militant qui revendique haut et fort son amour pour le Reggae, le Roots Reggae, le Reggae Old-School, toujours aussi fort malgré l’arrivée du Dancehall ; une véritable fête autour des origines de ce genre musical. Sur tous les morceaux (sauf un), U-Roy a choisi d’être accompagné. Les vielles gloires du Reggae et leurs dignes héritiers se succèdent dans la célébration d’une passion commune. Ainsi, les antiques Horace Andy, Ernest Wilson, la divine Marcia Griffiths (ancienne choriste de Bob Marley) ou encore Leroy Horsemouth Wallace, batteur historique, qui ont activement participé à la vie du Reggae depuis une cinquantaine d’années croisent les artistes de la jeune génération, Chezidek (avec deux apparitions remarquables), ou encore le génial Harison Stafford ainsi que les non jamaïcains qui entretiennent les racines du genre à travers le monde, Balik de Danakil et son texte en français suivi de la douce voix de l’Africain Tiken Jah Fakoly . L’album est riche, intense, l’auditeur est surpris, morceau après morceau, quand arrive chaque nouvelle voix. La production est peut-être trop lisse, trop propre, il manquera aux nostalgiques ce son typique du Reggae d’il y a quarante ans, mais ces derniers trouveront leur compte dans les immenses qualités musicales du disque (on ne peut pas tout avoir non plus). Toute la famille célèbre la musique autour du parrain, autour de U-Roy qui scande ses textes et présente ses invités avec l’immense habileté qu’on lui connait. Pour les amateurs, le retour du parrain est un régal, un plaisir qui devient extase à l’écoute de la reprise du “Pumps and Pride” de Toots and the Maytals en duo avec Tarrus Riley. Pour les novices, ce disque est un cadeau précieux, l’occasion de découvrir les artistes les plus doués du genre, réunis autour d’un artiste de légende.
“Non, le Roots n’est pas mort !” scandent U-Roy et toute la bande à travers cet album qui fait du bien, ce souffle d’air pur agréable et familier qui célèbre le passé, le présent et ,on l’espère, le futur brillant d’un style musical qui n’a pas pris une ride.
- Love Questions (feat. Marcia Griffiths)
- Pray fi di people
- Border Line (feat. Chezidek)
- The Hard Way (feat. Tiken Jah Fakoly & Balik (Danakil))
- Call On Jah – feat. (Harrison “Professor” Stafford)
- Cheating Girl (feat. Ernest Wilson)
- Ebony Eyes ( feat. Winsome Benjamin)
- Got A Date (feat. Sophia Squire)
- Pumps And Pride (feat. Tarrus Riley)
- Power of Love (feat. Bitty McLean)
- Reason with Jah (feat. Horace Andy)
- Ungrateful Girl (feat. Richard Robinson)
- War Question (feat. Chezidek)
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?