Lescop – Lescop (2012 / Pop Noire & Mercury Records)
Il est des albums que l’on aborde avec d’énormes pincettes. La nouvelle sensation de la chanson française, le relève, le nouvel Étienne Daho, autant de choses creuses que les médias vendent suffisamment fréquemment pour qu’on les fuie ardemment. Et puis le destin nous rattrape toujours au détour d’un bois sombre. C’est ainsi que l’on tombe sur Lescop, et son album salin. Oui, de ce sel que l’on frotte avec délice sur ses propres plaies.
Évidemment, la référence à Étienne Daho se comprend et surtout s’entend dans ce filet monocorde susurré par un gars tout maigre, qui ondule dans des clips minimalistes. Mais libérons-nous des portes ouvertes enfoncées par des articles myopes, Lescop est le fruit de la cold wave raffinée aux influences tout à fait honorables, de Joy Division ( »Ljubljana ») à The Cure ( »Los Angeles »), des premiers Depeche Mode ( »Hypnose ») à U2, au temps fort regretté où leur musique était dense et sincère (les nappes synthétiques dans »La Forêt »).
Bon, nobody’s perfect, Lescop se laisse aller à mi-chemin à un duo synthé-pop calibré pour les auto-radios urbains et donc largement dispensable avec une certaine Dorothée de Koon, une bluette un peu creuse au titre pseudo-sulfureux, »Le Mal Mon Ange », sur fond de clavecin électronique.
Mais il sera pardonné, ne serait-ce que grâce au point d’orgue de ce voyage tantôt sylvestre (« La Forêt »), tantôt long courrier ( »Tokyo, La Nuit ») où tout le monde retrouvera les traces d’une phase d’insomnie, d’une rencontre nocturne étrange, enrichissante et sans lendemain, d’une cigarette allumée à l’arrache, d’un verre de trop devenu le premier verre, d’un passage nerveux trop honnête du rire aux larmes, d’une nuit au volant pour aller nulle part.
Cet album, belle réussite, est sans fard et sans filet. Gorgé certes d’influences, il devient pourtant aussi unique et reconnaissable que sien. On en redeviendrait presque la midinette qui rêve d’avoir tout vécu au lieu de l’inverse dans »Le Vent » ou dans un Paris qui s’endort. Allez, passe-moi le sel !
- La Forêt
- La Nuit Américaine
- Ljubljana
- Los Angeles
- Le Mal Mon Ange (avec Dorothée de Koon)
- Tokyo, La Nuit
- Hypnose
- Un Rêve
- Slow Disco
- Paris S’endort
- Le Vent
Le site du label Pop Noire : http://www.popnoire.com/lescop_fr
Lescop sur Facebook : https://www.facebook.com/lescoplescop
… et sur MySpace : http://www.myspace.com/LescopLescop
L’album n’est pas désagréable mais c’est quand même très varietoche.
On préférera ‘Dernière volonté’ dans le genre enfant caché d’Étienne Daho et de Daniel Darc.
Le “on préférera” sera logiquement remplacé par un “je préférerai”, car votre avis vous est somme toute tout personnel. Cela dit, oui, Dernière Volonté est effectivement très bon, bien qu’orienté variétoche également. À croire que ce courant musical s’y prête, mais je ne boude pas mon plaisir 😉 .