Hidden Orchestra (d’abord connu en tant que Joe Acheson Quartet) vient d’Edimbourgh mais son électro – mélange d’instruments et de samples influencé par le drum & bass, le jazz, le folk, le classique – le rapproche du « Brighton sound ». L’album est d’ailleurs produit à Brighton et rappelle le célèbre son apaisant du label « Nitelife » des années 90 – en moins dance-floor toutefois. Hidden Orchestra se veut ici plus ambitieux même si Night Walks offrait déjà un voyage entre Claude Debussy et DJ Shadow. On voudrait être emballé par cette seconde croisière. Mais en dépit de moments (trip rares) de plénitudes denses et planants, Archipelago ne fait que reprendre une musique atmosphérique proche des créations d’Aphex Twin.
Archipelago est plus nocturne que Nights Walks. Il y a quelques éclairs mais l’ensemble reste brumeux et musicalement bavard. Il y a là certes la recherche de beaux sons, c’est rond et courtois. La basse et la programmation, le jeux des deux batteries, les échos des cordes ne sont pas sans intérêts. Mais le maître d’œuvre du groupe Joe Acheson se perd dans les détails d’un excès de production, un déficit d’arrangement général et de développement narratif suffisant : certains titres s’épuisent trop vite, d’autres n’en finissent pas de répéter invariablement le même motif.
Les effets électroniques obsédants, les échantillons évocateurs ou les motifs en échos suggestifs se perdent au profit d’un certain savoir-faire qui sent trop le polish, le léché. On voudrait plus de rigueur plutôt que des morceaux qui donnent l’impression d’expositions sans suite. Ce voyage aux confins des îles écossaises reste attendu et sans réelle originalité. Le style très aérien de l’ensemble manque d’un vrai souffle, d’épaisseur et de personnalité : c’est ce qu’on a souvent reproche – à juste titre – au « Brighton sound ».
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?