Les célèbres philosophes Arnold et Willy ont eu maintes fois l’occasion de clamer qu’”il faut de tout pour faire un monde”. Aussi ne faut-il pas être trop surpris d’apprendre que le groupe de death métal mélodique Aesmah, déjà chroniqué en ces pages, est basé à Condrieu, bourgade du Rhône plus connue pour ses vignes que pour ses riffs. Mais à en croire l’exemple de Noir Désir, les ceps semblent bénéfiques aux arpèges.

Une des premières impressions qui frappe lors de l’écoute est l’absence audible de toute colère au sein des compositions présentes sur Imeria. Là où il est commun de ressentir une rage pulsatile, vibrante, nimbant accords et phrasés, Aesmah propose une forme de certitude, voire de sérénité. L’album ne s’inscrit pas contre, mais existe pour. A l’image d’un témoignage.

En ce sens, l’image d’un vieil ouvrage à l’épaisse reliure et aux pages jaunies, telle que mise en couleur au sein du livret, fait sens. Imeria revêt ainsi le rôle du passeur de connaissance, du conteur d’histoires, évoquant des temps autres. Il ne se veut ainsi pas vecteur d’érudition mais récit, désincarné mais ne demandant qu’à recueillir une psyché attentive et, par-là même, qu’à faire revivre certaines atmosphères.

Mais de tels recueils subissent bien souvent les outrages du temps. En l’espèce, si les riffs, arpèges et rythmiques sont bien préservées, les dégradations se portent sur le chant clair qui laisse transparaître certaines prononciations parfois éloignées des canons de la langue de Shakespeare. Ce souci est moins marqué sur les clameurs plus porcines et ne concerne pas la voix féminine qui se pose sur deux titres, mais il atténue l’ambiance instillée tout au long d‘Imeria. Rien cependant qui puisse mettre à bas l’ensemble des efforts poursuivis ou qui déçoivent les espoirs placés dans le groupe lors de l’écoute de son précédent EP, Hegemony.

1. Inside indestructible
2. Eternal Apnoea
3. Colorless mind
4. Chimera
5. The Deceptive haven
6. Imeria
7. Wasted by Suen
8. Endless wrench

Bandcamp : http://aesmah.bandcamp.com