En ce triste dimanche de septembre, l’atmosphère est pesante à deux pas de la porte de Pantin. Une horde de Vikings avance paisiblement le long de la petite allée qui mène au Zénith. Mais ce soir, il ne s’y passera rien . Les lointaines silhouettes noires et chevelues empruntent un autre chemin, un petit chemin, sinueux, et, à l’arrivée, une passerelle qui surplombe un océan de leur semblables se délectant d’un légendaire légendaire à base de houblon. Ne restent plus qu’à descendre quelques marches et nous voilà au Trabendo où 700 personnes attendent l’arrivée des finlandais d’Ensiferum venu défendre leur dernier album Unsung Heroes, sorti en aout dernier.
C’est à leurs compatriotes de Profane Omen que les Vikings ont confié la tâche de chauffer la salle. Le groupe de Death Mélo fait bien son boulot, un set d’un peu moins d’une heure, puissant, efficace et en parfaite adéquation avec un public gonflé à bloc avant même les premières notes. Malheureusement, aucune victime pendant cette première partie qui a pourtant vu quelques embryons de Mosh Pit et déjà pas mal de cheveux volants.
S’ensuit un entracte prometteur : les techniciens du groupe (que je ne m’amuserais pas à aller chatouiller) plantent le décor rouge sang, aux couleurs du dernier album des finlandais, ainsi qu’un bouclier impressionnant dans lequel deux grandes épées sont plantées. Le noir revient, le public hurle pour rameuter les plus assoiffés qui boivent encore en terrasse et “Symbols“, l’introduction symphonique d’Unsung Heroes retenti. Ils sont là. Quatre Vikings, torse nu, en kilt et peinturlurés accompagnés d’une guerrière au clavier prennent majestueusement leurs instruments et enchainent sur le deuxième morceau de l’album que tout le monde semble déjà connaître “In my sword I trust”, un hymne puissant et héroïque qui créé un lien très fort avec le public qui participe au morceau en tant que chœur viril et belliqueux.
Pour rassurer ceux qui n’auraient pas en tête un dernier album encore chaud, le groupe attaque “Guardians of Fate”, tiré du premier, au refrain accrocheur que tout le monde, encore une fois, reprend avec fougue. Décidément, ce soir personne n’est venu par hasard. Tout le monde prend du plaisir, y compris le groupe. Sami, le joyeux bassiste court partout en faisant des grimaces, le chanteur se donne à fond et le batteur martèle, paisiblement (!) ses fûts. Chaque morceau est annoncé et provoque une vive réaction des 700 spectateurs (à les entendre ils pourraient être 2000). Réaction encore plus grande à l’annonce de “From Afar”, extrait de l’album du même nom, morceau puissant auquel succomberont les premières victimes qui, épuisées par la fosse, vont s’installer au calme, loin derrière. Les deux morceaux suivants, “Burning Leaves” et “Pohjola” sont à nouveau extraits du dernier album et font valser têtes et chevelures comme les grands classiques qu’ils deviendront peut-être, épiques et majestueux quand un vieil homme scande en finnois un discours qui surplombe la musique. Cet ensuite le splendide “Heathen Throne” qui, pendant plus de dix minutes, prend d’assaut les oreilles des spectateurs, lourd, puissant, rythmé par des centaines de poings martelant l’air. Un concert de métal comme on les aime quoi. Galvanisé par un tel accueil, le groupe attaque les classiques, “Blood is the Price of Glory”, le joyeux “One more Magic Potion” et “Hero in a Dream” encore une fois acclamé d’entrée de jeu. La fin du concert approche, le groupe joue avec nos nerfs, les pauses entre les morceaux s’allongent. Après le morceau titre du dernier album, “Unsung Heroes”, le groupe discute. Dans ces moments là, y a toujours trois, quatre mecs pour hurler le morceau qu’ils veulent que le groupe joue. On entend un faible « Baattle sooong » , puis un viking hurlant « Tatadadaaa tatadadaaa », puis deux, puis dix et, fait du hasard ou belle réaction du groupe, Petri se retourne et crie avec un grand sourire « So you want some Ta tadadaa ? » avant d’entamer l’énormissime “Iron” et d’offrir au public l’occasion de hurler comme des veaux « Ta tadadaaa ta tadadaaaa ». L’ambiance est à son apogée, des centaines de chevelures tournent, valses, plusieurs mosh pit se déclarent dans tous les coins de la salle, on porte des vikings en transe jusqu’à la fin brutale du morceau et le départ du groupe. Personne ne pourrait en rester là. Si Ensiferum a déjà beaucoup donné, le public est certain que ce n’est pas fini. Et pour cause… Après quelques cris d’une intensité rare, les guerriers finlandais reviennent sur scène dans la clameur générale. L’occasion pour le facétieux Sami de présenter son savoir de la langue française « Bonjour, ça va ? Il est quelle heure ? (en anglais) C’est tout ce que je sais mais c’est déjà pas mal non ? ». C’est donc dans la bonne humeur que le chanteur lance un “Twilight Tavern” aux effets ravageurs. Le morceau que beaucoup attendaient frappe un grand coup, remue la salle, renverse la salle, les guitares oscillent entre rapidité et puissance, les musiciens sont déchainés, le cri du chanteur est splendide, ils sont revenus. 700 personnes hurlent de toute leur force « TWILIGHT TAVERN » avant de laisser place à un chœur féminin, enregistré, que Sami, le modeste, tente de le faire vivre en interpellant « Mesdemoiselles » prouvant ainsi que sa connaissance de la langue française est plus grande qu’elle n’en a l’air. « Twilight Tavern !! » le morceau va crescendo, accélère, la salle exulte. Sans attendre, Petri hurle « Lai Lai Hei », promettant ainsi encore une dizaine de minute de violence et une autre participation galvanisante du public. 700 personnes qui chantent en finnois, en chœur avec le groupe, voilà qui impressionne. Le joyeux bassiste s’en va, ensuite, vers la régie dire un mot aux techniciens français et, le sourire aux lèvres, revient sur scène en hurlant, les yeux pleins d’incompréhension et d’interrogation « J’ai une crevette sous mon kilt ! ». Acclamé par la foule, le bassiste est ravi. Après cet interlude, le dernier morceau s’annonce. “Battle Song”, sur lequel vont s’accrocher des solos complètements fous. La foule scande le refrain avec vigueur et donne tout ce qu’elle a, ses dernières forces. Les membres du groupe ne cessent de manifester leur joie, le plaisir qu’ils ont eu à jouer et à recevoir un tel accueil. Le show se terminera sur une courte reprise… du “French Cancan” et sur un « See you soon » très prometteurs.
Y a pas à dire, les Vikings, ils savent mettre l’ambiance, un set très riche de près de deux heures qui n’est pas une simple présentation d’un album récent. Ensiferum est en osmose avec son public, surtout quand il lui réserve un tel accueil. Le concert fut intense et éprouvant physiquement pour ceux qui ont hurlé comme des porcs et qui ont passé deux heures à balancer leur cheveux longs. Ce cher Servius est de ceux là et deux jours plus tard il souffrait encore du passage des vikings qui physiquement et mentalement aura laissé de superbes traces.
Setlist:
- Symbols
- In My Sword I trust
- Guardians of Fate
- From Afar
- Burning Leaves
- Pohjola
- Heathen Throne
- Blood is the Price of Glory
- One More Maggic Potion
- Hero in a Dream
- Unsung Hero
- Iron
- Twilight Tavern
- Lai Lai Hei
- Battle Song
Crédits photo : Merci à Karydwen. Vous pouvez la suivre sur Facebook, Twitter et Flickr.
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