Oxymoron, j’écris ton nom. Cette figure de style alliant deux éléments a priori incompatibles permet de qualifier une situation aberrante et inconcevable de prime abord. Consacrée notamment par Gérard de Nerval avec son fameux ’soleil noir’, elle se réfère ici à l’album éponyme de Bärlin. La jaquette présentant un intérieur autrefois fastueux mais à présent abandonné et subséquemment en ruine. Cependant, ce décor est trop symétrique, trop posé et appelle la qualification de ‘désordre agencé’. Ainsi est appelé l’oxymore, et celui-ci se retrouve en plein dans la musique elle-même.
Les premières sensations nées de l’écoute de l’album sont du domaine impressionniste. Un timbre particulier, des compositions à la fois pop, rock et jazz avec foisonnement de cordes ; tout cela conduit à brouiller les repères. Puis, petit à petit, les compositions s’enchaînant et se répétant au gré des écoutes, les éléments se mettent en place. Une ville grise délavée de pluie et nimbée du jaune des réverbères, des êtres aussi enfumés que les salles qu’ils peuplent, des murs défraîchis, des portails rouillés. Un monde qui se raconte avant de disparaître. Ou alors qu’elle disparaît. Ou encore qui a déjà disparu.
Cette impression d’effacement, de brume masquant les contours est traduite par toutes les ruptures et décalages réalisées au gré de l’album. De prime abord, le tout est déstabilisant car il rompt avec des déroulement plus éprouvés et indubitablement moins éprouvants. Mais les débordements et le chaos pouvant apparaître çà et là ne sont nullement aléatoires ou entropiques. Ce barnum de façace est en réalité, comme le spectacle du promoteur du même nom, parfaitement ordonné et parvient, en conséquence, à créer et maintenir une atmosphère étrange et piquante. Le premier contact est étrange, mais cette délicate sensation d’étrangeté, similaire à celle suscitée par le visionnage de la série Twin Peaks, est au final un délice et mérite largement l’effort de la prise de contact.
- Pristina
- Sins
- Lilian marks
- Sleepwalker
- Morphine
- City of quartz
- Indigo notes of love
- Dreams
- Two sides girl
Bandcamp : http://baerlin.bandcamp.com/
En complément la page de Vincent J. Stoker le photographe qui nous a autorisé à utiliser son travail pour la pochette de l’album.
http://www.vincent-j-stoker.com
MERCI!