Polaroid3 sera une des découvertes de l’année 2012. Le groupe électro-pop-rock fait plus que séduire par son premier « quatre titres ». Surgissent des bancs de sons, leurs processions lentes ou animées. Rebirth of Joy permet de passer sur des étages glissants d’une immense marée sonore habilement canalisée. Elle est couronnée par la voix troublante, changeante – parfois presque impossible à préciser – de Christine Clément. Pour de telles tonalités, Christophe Imbs (synthé analogique, Fender Rhodes) crée une matière de son faite d’ondes, de poussées, de scansions.
Tessiture et texture se répondent en des temps allongés ou dilatés. Dans “You Must Go On”, sur une base sourde de basse monocorde et une fibrillation électro la scansion vocale langoureusement se démultiplie sous l’effet d’échos en diverses reprises. Quant à “The suburbs Of a Secret”, il restera l’exemple parfait d’une electro minimaliste envoûtante et dense. Ses sons rayonnent mais juste ce qu’il faut. Ils traversent l’auditeur d’une manière pernicieusement douce à mille lieux de clapotis sonores standards.
D’infimes pointes ou à l’inverse des enveloppements soyeux envahissent l’album autant par les variation vocales que par le raffinement d’une musique étrangère à toute facilité. Tout se fait résonance en une une musique de murmure qui comme l’écrivait Michaux « est l’inverse d’une musique de compétition ». Imbs se méfie en effet des rhéostats qui se poussent à l’excès pour cacher une pénurie créative.
Parce qu’à l’inverse les Polaroid3 n’en souffrent pas, leur Rebirth of Joy (le bien nommé) fait rêver. Il soulage de tous les bruyants du monde. Loin des naïvetés ou du chaos, cet album – inattendu – surprend à plus d’un titre. Par dessus tout grâce à sa discrétion vibrante qui permet de décoller du monde. Jouant sur l’effacement et la condensation plus que sur une avalanche sonore l’album, pour que la joie demeure, la plonge dans la pénombre. Non pour une cure de chasteté mais un bain de jouvence. La sujétion musicale donne de la force à un tel affect qui n’est pas de l’ordre de l’hybris. Contrairement à ce qu’on pense, trop souvent c’est un sentiment extatique, intérieur.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?